Le maire et son collaborateur
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Les collaborateurs et directeurs de cabinets se professionnalisent et intègrent désormais aussi les petites communes, révèle notre enquête d’opinions. S’ils jugent le contexte institutionnel et politique difficile, ils restent très investis et aspirent même à être élus ultérieurement.
Fiche technique
Enquête réalisée pour Le Courrier des maires et des élus locaux et courrierdesmaires.fr sur la plateforme internet AreYouNet auprès de 501 directeurs et collaborateurs de cabinet du 25 juin au 18 août 2014.
Régions les plus représentées dans l’échantillon : IDF (29%), Rhône-Alpes (11%), Pays de la Loire (8%).
Strates de collectivités : 37% + de 100 000 habitants ; 24% de 30 000 à 100 000 ; 24% de 10 000 à 30 000 ; 9% de 5 000 à 10 000 ; 5% moins de 5 000.
49 % des sondés adhèrent à une association de colcabs et 3 % à un syndicat.
« Il y a 10-15 ans, le collaborateur de cabinet, ou “colcab”, était un ami du maire, qui avait participé à sa campagne, peu ou pas diplômé. Aujourd’hui, 60% sont à bac + 5 ou plus. Le métier s’est considérablement professionnalisé », observe Alexandre Mora, président de l’association Collcab. Une professionnalisation qui suit la complexité croissante du mandat de maire. Même dans les petites communes entre 10 000 et 30 000 habitants puisque les colcabs y sont désormais recrutés en nombre croissant.
Défiance de la population
Une constante toutefois : c’est sur sa capacité à établir une communication avec les administrés que l’élu sollicite le plus souvent son colcab (à 90%), avant même la réflexion sur la stratégie politique ou l’expertise technique.
Une communication dont ont aussi besoin les édiles vis-à-vis de leurs services : « A l’heure où il faut trier dans l’ensemble de nos dépenses, se moderniser, la communication en interne est utile pour accompagner le changement », décrit Cécile Mexandeau, présidente de Dircab… et ancienne directrice de la communication à Bondy.
Bras droit des élus, vu comme son représentant par l’administration et, souvent, les habitants, le colcab estime (à 48%) que son métier est plus difficile à exercer qu’en 2008. Et d’autant plus que la ville est grande.
La défiance vis-à-vis de la politique, qui se cantonnait aux élus, déborde désormais sur leurs collaborateurs, vus, en outre, comme des « planqués », des « favorisés »… quand ils ne sont pas pris pour un élu. Les colcabs vivent difficilement la baisse des dotations, la réduction des budgets, les incertitudes de la réforme territoriale.
En quête de passerelles
Pour ceux exerçant dans les conseils généraux, s’ajoute l’inconnue concernant le futur de leur collectivité. Nombreux sont inquiets pour leur avenir et leur reconversion, notamment lors des changements de majorité, et souhaiteraient plus de passerelles avec la fonction publique territoriale.
Un « serpent de mer » qui est aussi un paradoxe s’agissant d’une fonction « que l’on choisit en connaissant les risques et qui nécessite de capter toutes les informations nécessaires puis de les faire remonter à l’élu, ce qui va à l’encontre d’un poste de cadre administratif », analyse Olivier Berlioux, président d’Arcole.
Etre élu, un objectif naturel
Ces difficultés ne les détournent cependant pas de l’engagement public puisque 46% voient leur métier comme un tremplin pour être eux-mêmes élus. « D’un métier d’ombre, la plupart basculent vers la lumière, vers une fonction élective », estime Alexandre Mora qui, lui-même, est adjoint.
Eric Lemoine, directeur de cabinet adjoint à Arras, est lui aussi adjoint dans une petite commune. Devenu colcab après une carrière dans la territoriale, il s’interroge sur son avenir, le moment venu.
« Aux côtés de Frédéric Leturque, je touche à tout. Cela me plaît énormément. Alors pourquoi ne pas me présenter au conseil général ou régional. J’aime être du côté où on peut décider ». Ce n’est pas Frédéric Leturque qui le contredira, lui qui est aussi un ancien dircab.