[Edito] Après deux années où confinements et restrictions sanitaires successifs, les acteurs économiques du secteur du tourisme comme les territoires accueillant les vacanciers ne peuvent que se réjouir de la reprise touristique estivale. Mais les collectivités devront prendre garde à bien réfléchir en amont à la couleur qu'ils veulent donner à cette reprise...
C’est le lot de tout nouveau départ après une crise : il offre autant d’opportunités, de projets à venir, de possibles réinventions, que de menaces, de mauvais choix potentiels, voire d’impasses (ré)empruntées. L’épidémie de Covid est – semble-t-il – enfin maîtrisée et les Français n’ont qu’une envie : profiter à plein des congés estivaux.
Les acteurs économiques du secteur comme les territoires accueillant les vacanciers ne peuvent que se réjouir de cette reprise touristique, après deux années où confinements et restrictions sanitaires successifs ont mis à mal une économie aussi importante dans l’Hexagone que dans les outre-mers. L’envie de « vert » des citadins constitue même une opportunité pour de nouveaux territoires, souvent ruraux, à même de faire découvrir leur patrimoine naturel jusque-là méconnu ou insuffisamment valorisé.
Chausse-trappes. Pour autant, la liberté de déplacement retrouvée et le désir des Français de s’offrir une respiration ne suffiront pas à contourner les chausse-trappes sur le chemin qu'acteurs publics comme privés ont à parcourir pour ériger un modèle touristique plus vertueux. Il faudra éviter les erreurs d’hier, celle d’un tourisme de masse trop souvent aperçu dans plusieurs grandes villes et sites de France qui ferait fi des risques sanitaires et environnementaux. Esquiver les erreurs de demain qui conduiraient les territoires ruraux à avoir les yeux plus gros que le ventre et à hériter d’infrastructures in fine surdimensionnées. Se garder de relancer à l'identique un tourisme d'affaires dont le modèle a vécu.
Enfin, pas question de se voiler la face non plus sur la situation sociale : dans un contexte économique et géopolitique qui conduit à une inflation pérenne, à l’explosion du coût des transports comme celle plus générale du coût de la vie, le « droit aux vacances » des ménages modestes est mis à mal et va nécessiter plus encore qu’hier l’appui des collectivités locales. Le rebond du tourisme sera au rendez-vous cet été, sans nul doute, mais les territoires devront bien étudier le sentier qu’ils empruntent sur le long terme.