Johanna Rolland, maire de Nantes, présidente de la métropole Nantes Saint-Nazaire
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Auditionnée le 4 février par la délégation aux collectivités territoriales du Sénat, Johanna Rolland, présidente de Nantes Métropole et de l’association « France Urbaine », a évoqué les enjeux et les défis de demain pour les métropoles. Une plus forte coopération des métropoles avec les collectivités environnantes est au cœur de la réflexion de la maire (PS) de Nantes.
Johanna Rolland, maire (PS) de Nantes, en fait le triste constat : depuis quelques mois, la petite musique « anti-métropoles » fait son chemin dans les esprits. Ici, on estime qu’elles n’ont pas permis de réelles économies d’échelle, là que le ruissellement promis n’est pas au rendez-vous. Des critiques issues tant d’élus, locaux ou nationaux, comme d’institutions telle la Cour des comptes, voire le Conseil social, économique et environnemental (Cese). Pragmatique, la nouvelle présidente de France Urbaine depuis septembre dernier à tenu, devant les sénateurs, à s’appuyer sur des faits et à apporter de la nuance.
22 nuances de métropoles
« Lorsque l’on dit que les métropoles sont riches, on oublie trop souvent que les grandes poches de précarité sont à l’intérieur des métropoles et la moitié des collectivités membres de notre association (qui regroupe les grandes villes et les métropoles) sont classées comme ‘rurales’ par l’Insee » détaille Johanna Rolland, dans une volonté de « casser » les clichés circulant sur les métropoles. Aux yeux de la présidente de « France urbaine », les 22 métropoles de l’Hexagone représentent autant de réalités. « Il existe des situations juridiques différentes (Lyon par exemple), des métropoles qui perdent des habitants (Paris), d’autres qui en gagnent (Rennes, Nantes), des métropoles qui ont ritualisé le conseil de maires comme un outil puissant d’échanges d’informations et d’intégration des plus petites communes, d’autres, au contraire, qui préfèrent s’en passer… » plaide-t-elle.
Sur la même ligne que par les auteurs du rapport « Les métropoles : apports et limites pour les territoires » publié par le Cese en octobre 2019 - et auditionnés en même temps que la maire de Nantes – cette dernière estime par ailleurs « qu’il existe effectivement deux grands modèles de métropoles. Celles qui ont asséché les territoires environnants et celles qui les ont irrigués ».
L’essentielle coopération avec l’arrière-pays métropolitain
Un bilan tout en nuances, qui doit conduire, selon Johanna Rolland à une réflexion globale sur l’avenir même de ces territoires et sur le chemin qu’elles pourraient emprunter. Et pour la présidente de Nantes Métropole, cette troisième voie doit être « coopérative ». Sur la même ligne une fois de plus avec Véronique Riquier-Sauvage et Yann Lasnier du Cese, qui avaient préconisé en 2019 d’inscrire dans loi une meilleure coopération des métropoles avec leurs territoires environnants, Johanna Rolland estime que les contrats de réciprocité sont un outil indispensable pour permettre à la métropole de rayonner dans son territoire. Selon l’élue, les questions environnementales et climatiques (désormais si importantes aux yeux des Français) essentialisent l’utilité même de ce type de contrats. « Si la métropole ne s’occupe que de ses émission internes de CO2 et ne se sent pas responsable des externalités produites dans son hinterland… le problème ne risque pas de se résoudre » argumente-t-elle, « la transition écologique doit nous conduire justement à créer des alliances avec les autres territoires ».
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Une alternative résumée ainsi par Yann Lasnier : les métropoles sont « à la croisée des chemins, ont le choix entre devenir des ‘phares’ ou des ‘châteaux-forts’».