Contre le redécoupage cantonal, la droite sort son livre noir… et Bernadette Chirac

Aurélien Hélias
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Bernadette Chirac se rebelle contre le découpage de son canton - RTL.fr - Mes Actus - 04/03/2014 18h:20

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Contre le redécoupage cantonal, la droite sort son livre noir… et Bernadette Chirac

Bernadette Chirac

© Flickr/Nicogenin

Ulcérés par le redécoupage cantonal mené par le ministère de l’Intérieur, plusieurs présidents de conseils généraux de la droite et du centre dévoilaient le 4 mars un « livre noir » sur le sujet, parallèlement aux recours menés contre les décrets réformant les périmètres cantonaux. Une présentation très suivie par la presse du fait de la présence de Bernadette Chirac, l’ancienne première dame et conseillère générale étant très remontée contre la suppression de son canton corrézien.

« Mépris de la concertation », "charcutage ruralicide", « tripatouillage »… à l’heure de présenter son « Livre noir sur le redécoupage des cantons de France », François Sauvadet, à la tête du département de Côte-d’Or, n’avait pas de mots assez forts pour condamner la réforme actuelle des périmètres cantonaux, alors que la plupart des décrets de redécoupage sont parus au Journal officiel. Au point d’ailleurs de quelque peu survendre son livre noir – en fait, un dossier de presse de 40 pages – intitulé solennellement : « Les territoires de France sacrifiés ».

Reste que le député UDI s’appuie sur un constat : sur les 98 conseils généraux appelés à sa prononcer sur le redécoupage départemental, 59 ont émis un avis défavorable…. Y compris 17 collectivités départementales tenues par la gauche.

Et François Sauvadet d’énumérer les multiples raisons pour lesquelles les redécoupages en cours sont « scandaleux » : des nouveaux cantons déséquilibrés démographiquement alors que l’objectif de la réforme était justement de diminuer l’écart à la moyenne de population de chaque canton ; une nouvelle carte « marquant la fin de la juste représentation des territoires ruraux » et des périmètres abscons faisant fi « des bassins de vie et des intercommunalités nouvelles ».

« Le désordre territorial »… jusqu’en Corrèze
L'élu bourguignon poursuit en se délectant de quelques exemples qui participeront à « accélérer pour la France la fracture territoriale » : en Côte-d’Or, « un canton nouveau, en forme de rocade, entoure la ville de Beaune ». Un autre, dans l’Ardèche, « s’étire quasiment de l’est à l’ouest d’un département entier ». Un dernier affiche 16 500 habitants en Dordogne tandis qu’un autre canton sera constitué de 28 500 âmes en Eure-et-Loir. Le livre noir présente d’ailleurs, pour chaque région, le redécoupage d’un de ses départements censé symboliser « le désordre territorial » systématique.

Mais le meilleur argument qu’avait à offrir le président de l’exécutif de Côte-d’Or fut finalement la présence à ses côtés, et celle de trois autres présidents((Bruno Sido, Eric Doligé et Dominique Bussereau, respectivement à la tête des conseils généraux de la Haute-Marne, du Loiret et de Charente-Maritime)) de conseils généraux issus du groupe DCI, de la conseillère générale Bernadette Chirac, très courroucée par la suppression de son canton, au nord de Tulle.

« Des soldats, ça reste des soldats, on ne va pas se laisser piller comme ça ! », a lancé l’ancienne première dame qui ne digère pas le dépècement de « son » canton, où elle est élue depuis 1979, en trois parties rattachées à d’autres circonscriptions.

La place Beauvau visée, l’Elysée épargné
Dans ce département du Limousin, le nombre de cantons passe de 37 à 19. « Quand j'ai su que mon canton n'avait pas la taille suffisante, j'ai présenté un regroupement avec deux autres cantons ruraux », a-t-elle raconté. « J'ai eu ensuite la surprise en découvrant la carte du département de voir que le canton de Corrèze a disparu ! », s'est-elle exclamée.

Et l’élue corrézienne de viser nommément, plus encore que le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, son conseiller politique, Yves Colmou. Un conseiller qui l'a reçue mais « ne l’a jamais regardée en face ». Très offensive, Bernadette Chirac a d’ailleurs prévenu : « Si je tombe dans la trappe, je dirai un certain nombre de choses. »

Conçue par le groupe DCI de l’ADF comme une opération médiatique coup de poing, l’intervention de l’épouse de l’ancien chef de l’Etat a eu le mérite pour François Sauvadet d’attirer la lumière sur un sujet technique… mais au risque de déplacer les regards sur un autre débat que celui, légitime, des critères de redécoupage cantonal.

D’abord parce que c’est le canton de l’ancienne première dame qui a focalisé l’attention. Or, cette dernière en a profité pour exonérer le chef de l’Etat, ancien élu de Tulle dont le canton « récupère » une partie de celui supprimé de l’ex-première dame. "Je ne veux pas croire qu'il se soit vraiment penché sur le sujet", a-t-elle glissé.

La parité, vraiment un « prétexte » ?
Ensuite parce que sa présence a fait s’interroger la presse sur la capacité de l’UMP à la soutenir dans ce combat, à l’heure où le parti n’est pas au mieux… Enfin parce que François Sauvadet avait beau dénoncer le fait que la parité dans les binômes de candidats avait constitué « un prétexte » au « tripatouillage » de la place Beauvau, il n’en reste pas moins que les autres présidents d’exécutifs départementaux présents autour de la conseillère générale étaient des hommes… comme la totalité des patrons de conseils généraux affiliés au groupe DCI.

Le groupe de la majorité de gauche à l’ADF, favorable à la réforme, fait d’ailleurs de ce point un angle de « contre-attaque » au livre noir, soulignant dans un communiqué que « certains départements n'ont pas de conseillère générale ». Et de rappeler par ailleurs que « sans la mobilisation de l'ADF, l'hypothèse initiale d'un scrutin de liste départementale aurait pu être retenu, faisant disparaître de fait l'ancrage territorial des futurs conseillers départementaux ».

Vers des recours en chaîne ?

Pour Dominique Bussereau, président du conseil général de Charente-Maritime, qui participait à la présentation du livre noir,  « la riposte » au redécoupage se fera en trois temps : « D'abord des recours gracieux devant le Premier ministre » qui prendront du temps et sur lesquels « nous ne nous faisons guère d’illusions ». Ensuite, des recours contentieux devant les tribunaux administratifs pour lesquels « nous avons deux mois » de délai, a précisé le député UMP.
« Mais à partir du 30 mars, a-t-il ajouté, les tribunaux administratifs devront également traiter les contentieux issus des élections municipales, et ceci pendant une durée de trois mois ». Des contentieux qui seront ensuite transmis au Conseil d'Etat à partir du 1er juillet, en même temps que les contentieux sur le redécoupage cantonal », a-t-il souligné.
Conséquence : « Nous risquons d'avoir des contentieux pas réglés avant les cantonales de 2015 », a-t-il estimé. « Quid d'un report éventuel de ces élections? », s'est-il ouvertement interrogé, pointant du doigt « un problème de calendrier » alors qu’est déjà évoqué un report des élections régionales.

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