Gilles Nicolas, adjoint à la tranquillité publique
© J.-P. Teillet
Dans le cadre du contrat annuel territorialisé de tranquillité publique (CATTP), le maire n’agit pas à la place de la police et de la justice mais avec elles. A Nantes, l’implication des habitants en lien avec les différents services commence à produire des résultats mesurables. Retour d'expérience.
En mai 2013, le préfet de Loire-Atlantique, le procureur de la République de Nantes et le maire de Nantes réunis en un comité de pilotage instaurent un contrat annuel territorialisé de tranquillité publique. Ce dernier diagnostique et cartographie 21 micro-quartiers (une ou quelques rues) de la ville de Nantes.
« Ici, raconte Claire, habitante d’une cité, nous souffrons des intrusions de jeunes de 15-20 ans dans le hall : alcool, drogue, dégradations de boîtes aux lettres et locaux, bruit, etc. »
« Pour les habitants, il s’agit de retrouver la tranquillité, plus que de lutter contre le deal de proximité », indique Gilles Nicolas, adjoint au maire de Nantes à la tranquillité publique. L’élu entend réussir. Et pour cela, il mobilise les habitants.
Accueil des pétitions
Face au déficit de dépôts de plainte et de mains courantes dans les quartiers, la ville (287 900 habitants) donne de l’importance aux pétitions « pour que les habitants retrouvent confiance dans les institutions ».
D’où un protocole partagé : un membre du comité de pilotage qui reçoit une pétition émanant des micro-quartiers la présente aux autres membres. Le comité, en lien avec la cellule chargée du suivi opérationnel du CATTP (services et élus de la ville, police, préfecture, bailleur…), s’engage à une réponse rapide commune et à une priorité d’effectifs (médiateurs, police, justice…), sans délaisser pour autant les autres quartiers.
Depuis la mise en place du CATTP, le comité n’a reçu que cinq pétitions : peur des représailles, fatalisme ou dispositif insuffisamment connu ?
Les rodéos ont reculé
Pourtant, des résultats sont déjà là. Ainsi à Bellevue, les rodéos ont reculé. La ville a mis des barrières aux endroits stratégiques (sous les porches), la police nationale a saisi « à froid » les véhicules incriminés et un travail éducatif a été initié par la ville en direction des jeunes : visites d’accidentés de la route, passage aidé du permis de conduire pour 22 jeunes. Les trois quarts des résidants de l’immeuble de Claire ont, eux, signé une pétition informant le comité de la situation.
Deux réunions sur place ont eu lieu en cinq mois, entre riverains et cellule de tranquillité publique : « Grâce aux passages plus fréquents de la police et de la brigade anti-criminalité, et à la taille d’une haie pour une meilleure observation, la situation s’est améliorée », apprécie Claire. Reste que Nantes habitat, associé à la démarche, n’a toujours pas sécurisé les portes de halls… La démonstration que seule la contribution de tous peut faire reculer l’insécurité.
Contact. Direction sécurité tranquillité publique : 02.40.41.59.57.L’action de la police nationale
Le CATTP ne se substitue pas à la police. Les habitants sont toujours encouragés à appeler le 17 – 196 000 appels entrants en 2013 contre 187 000 en 2012 –, et à porter plainte. Marc Mével, commandant de police, coordonne les unités décentralisées de la circonscription de sécurité publique de Nantes (agglomération). Son service repère les difficultés en développement, les incidents et deals dans les halls d’immeubles par exemple. Il en avertit la cellule de tranquillité publique et de partenariat. Pour le commandant, « avant le CATTP, chacun travaillait dans son coin, aujourd’hui le diagnostic partagé est plus fin et plus efficace ». Il cite l’exemple d’un hall sombre : mieux vaut avant de multiplier les rondes de police que la ville ou/et le bailleur éclairent bien. Déplace-t-on les problèmes ? « Oui en partie, mais des aménagements facilitent notre travail. Les perturbateurs choisissant un autre immeuble sont plus fragiles, notre action alors plus efficace. Il n’y a plus de fatalité. »
Gilles Nicolas, adjoint au maire à la tranquillité publique :
« Associer le maire à la tranquillité publique est indispensable »
« Le contrat annuel territorialisé de tranquillité publique (CATTP) a pris la suite du contrat local de sécurité terminé en 2013. Dans la forme, le CATTP est plus abouti, car, chose nouvelle et indispensable, il associe le maire au préfet et au procureur, au sein du comité de pilotage.
Dans les 80 zones de sécurité prioritaires mises en place depuis 2012 en France, dont une dans l’agglomération nantaise (Bellevue à Nantes et Saint-Herblain), les maires ne font pas partie des comités de pilotage. Avec le CATTP, je représente effectivement le maire aux réunions trimestrielles du comité. Ce dernier fixe les objectifs prioritaires, valide les résultats et les réoriente si besoin.
La méthode est intéressante : on sort des faits-divers qui défraient la chronique, avec le maire qui demande en conséquence de nouveaux effectifs. Il n’est pas question pour le maire d’agir à la place de la police et de la justice, mais avec elles.
Exemple ? Nous avons réglé les problèmes d’incendie dans l’habitat social. Bailleur, ville et agglomération ont fait enterrer les poubelles à l’extérieur au lieu de les laisser à l’intérieur. La police nationale a créé des cellules de lutte contre l’incendie des véhicules automobiles (Cliva) qui ont fait passer le taux d’élucidation de presque 0 à plus de 30%. Avec le service départemental d’incendie et de secours, nous avons sensibilisé collégiens et habitants aux risques d’incendies dans les immeubles et donné des détecteurs de fumée aux habitants. La vidéosurveillance n’est pas la panacée, notre démarche en est la preuve. On fera un bilan du dispositif. Peut-être a-t-on trop de micro-quartiers à surveiller ? »
mme LOGEAIS - 05/10/2015 06h:52
Bonjour bel article. Seulement nous avons envoyé une petition a Mme la Maire, a la Police, a Mr Gilles Nicolas il y a plus de 3 semaines et toujourw rien.....pourtant la situation se degrade. Merci
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