François Baroin et Emmanuel Macron en clôture du Congrès des maires le 23 novembre 2017.
© Fabien Calcavechia
A une semaine de la "CNT" du 14 décembre décentralisée à Cahors et après un premier semestre où l'exécutif s'est fait régulièrement tancé par les élus locaux, l'exécutif semble paradoxalement en position de force face aux associations d'élus.
« Merci pour vos colères ! Merci pour vos indignations ! » C'est par ces quelques mots scandés devant plusieurs milliers de maires qu'Emmanuel Macron a choisi de conclure son intervention lors du congrès centenaire. Une provocation ? A peine, tant le chef de l'Etat a, depuis son entrée sous des sifflets couverts par la musique assourdissante, peu à peu « retourné » l'audience en sortant sous les applaudissements. Trois semaines avant la Conférence nationale des territoires (CNT), le chef de l'Etat a pour cela usé d'une stratégie simple : ne rien lâcher sur l'essentiel - la réforme de la taxe d'habitation (TH), les contrats financiers avec les plus grandes collectivités - tout en faisant preuve d'ouverture sur d'autres projets qui irritaient les maires et sans que cette marche arrière ne lui « coûte » grand-chose - renoncement à diminuer le nombre d'élus locaux, enterrement du renforcement de la règle d'or pour les petites collectivités. Le tout agrémenté de quelques promesses gratuites tant elles sont dénuées d'horizon temporel : droit à la différenciation territoriale, réforme du statut de l'élu local.
Dernier engagement apprécié : celui de venir rendre compte chaque année Porte de Versailles de l'action de l'exécutif. Un gage donné aux maires qui doutent de la promesse d'une compensation « à l'euro près » de la suppression de la TH.
Renversement. En regard, même les observateurs réguliers du petit monde des associations d'élus locaux ont du mal à percevoir leur stratégie : les petites villes viennent de perdre leur président qui, bien qu'ayant voté contre la première partie du budget 2018 et ayant eu des mots peu amènes sur les choix budgétaires de l'exécutif - contrats aidés, gel de dotations cet été - a rejoint Bercy. Les régions de France, qui viennent d'élire leur troisième président en deux ans, pourraient finalement revenir à la table de la CNT après avoir clamé qu'il était hors de question d'y mettre les pieds. L'AMF, qui a elle aussi fait planer la menace d'un boycott de la CNT et d'une question prioritaire de constitutionnalité pour non-respect de l'autonomie financière des collectivités, devrait finalement participer à la première et n'est pas certaine de déposer ladite QPC.
Conséquence : chose impensable il y a encore un mois, c'est l'exécutif qui apparaît en position de force alors que se profile la CNT du 14 décembre. Pour les associations d'élus, fini le temps des postures, il est temps de négocier. Et si possible, d'une seule voix.