Citoyenne et participative, cette autre démocratie locale qui vient

Hugo Soutra
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Louis-Marie Blanchard - 14/07/2023 20h:00

Félicitations à tous ces pionniers et pionnières ! Sans renouvellement de notre démocratie nous allons droit à l'autoritarisme. Élus locaux, s'ils vous plaît entendez l'urgence et inspirez vous des pionniers. Si vous pensez qu'il faut aussi agir au niveau national, rejoignez www.lesdecarbonautes.fr Amitiés démocratique, Louis-Marie Blanchard

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Citoyenne et participative, cette autre démocratie locale qui vient

© Adobe

S'inspirant de Barcelone, Marinaleda, Villadamat à l'étranger, de Grande-Synthe, Loos-en-Gohelle, Kirginsheim, Saillans en France, ou encore des plus anciens "Groupes d'action municipale" (GAM) de Grenoble, des centaines de citoyens se sont fait élire pour la première fois à la tête de leurs mairies, en 2020. Avec une idée bien précise en tête : faire de leurs communes des laboratoires de la participation citoyenne et du renouveau des pratiques politiques, à mille lieues des modes de fonctionnements traditionnels des collectivités territoriales. En dépit d'un taux de réussite variable, pour l'heure, ces novices espèrent bien prouver qu'une autre démocratie locale est possible d'ici 2026...

Depuis mars 2023 et au moins jusqu’au milieu de l'été, les maires des villes grandes comme petites enchaînent conférences de presse et réunions publiques. Faisant corps avec leurs adjoints, conseillers municipaux, parfois même collaborateurs de cabinet et communicants, ils déclinent leurs premiers bilans. Souvent enjolivés, c’est de bonne guerre... Tous mettent en avant leur propension à consulter les citoyens, à grands coups de budgets participatifs, de concertations voire de conventions citoyennes et autres votations en tout genre. Qu’ils sollicitent leurs habitants sur le nom de rues, l’implantation d’éoliennes dans le champ d’à-côté ou la régulation des micro-mobilités au pied de chez eux, tous espèrent asseoir ainsi, à mi-parcours, la légitimité de leurs victoires acquises dans de drôles de circonstances, voilà trois ans, il faut bien le reconnaître.

Malaise démocratique

Avec le verdissement des agendas politiques – autre thématique jugée particulièrement rentable en ces temps troublés –, la démocratie participative est devenue l’autre impondérable de ce mandat 2020-2026. La faute aux records d’abstention des dernières municipales donc, qui ont réduit à la portion congrue l’assise électorale de l’immense majorité des édiles. La faute aussi à la défiance vis-à-vis du politique – que le maintien coûte que coûte de ces élections locales en pleine pandémie mondiale n’a sans doute pas arrangé. Et, plus globalement, au désintérêt pour la chose publique – symbolisée,entre autres, par la non-inscription sur les listes électorales voire les violences croissantes contre les élus – qui ne se dément pas, dans les métropoles comme les villages ruraux.

C’est d’ailleurs là où le bât blesse : plus les décideurs politiques s’attèlent à faire participer les habitants – généralement les mieux insérés socialement et professionnellement d’entre eux –, plus le malaise démocratique semble se renforcer… La participation aux élections municipales n’a eu de cesse de chuter en effet ces dernières années, compte tenu de la désaffection d'autres groupes sociaux, passant d’un peu moins de 21% à 57% entre 1983 et 2020. C’est dire si les retombées démocratiques des différents actes de décentralisation comme de la multiplication des dispositifs participatifs se font encore attendre en 2023...

Energie citoyenne

Les 35 000 communes françaises n'en sont néanmoins pas toutes au même stade de dévitalisation démocratique. Après trois ans de découverte intense – parfois chaotique – de la fonction, une soixantaine d’équipes municipales élues en mars ou juin 2020, composées pour l’essentiel de profanes, réalisent leurs baptêmes du feu. Auray, Barberaz, Castéra-Verduzan, Granville, Marseille, Plombières-les-bains, Quimper, Saint-Médard-en-Jalles, Vaour… Ces élus d'un nouveau genre ne mettent pas vraiment en avant, à l'occasion de leurs premiers bilans de mi-mandat, de gadgets participatifs, pour leur part. Probablement pour mieux se démarquer du reste des collectivités locales.

Ils font partie des 700 et quelques « listes citoyennes et participatives » ayant surgi peu avant les municipales 2020, faisant mentir les discours convenus sur l’apathie démocratique ou le consumérisme politique des Français. D’autant plus que la plupart de ces mouvements se sont constitués deux à trois ans avant les dites élections, souvent au gré de luttes locales contre la fermeture de services publics ou l’implantation de supermarchés sur leurs territoires.

Auto-organisation

S’estimant mal représentés, las de la personnification du pouvoir autour de la seule figure du maire ou de la verticalité des partis politiques qui disent plus qu’ils ne font – prônant par exemple l’horizontalité sans jamais se l’appliquer –, ces irréductibles citoyens ont essayé de prendre les choses en main, localement. Par eux-mêmes. Après s’être auto-formés, ces habitants ont convié une partie de leurs voisins à concevoir un pré-programme, avant de désigner leurs têtes-de-listes – selon une fiche de poste et le principe de l’élection sans candidat, en règle générale –, tentant par ces nouvelles méthodes implicatives de convertir l’énergie citoyenne observée en dehors des institutions communales, sur les places publiques ou les ronds-points, de Nuit debout aux Gilets jaunes.

Patatras, en mars ou juin 2020 : plus de neuf listes citoyennes sur dix ont finalement échoué à décrocher leurs mairies. Qu’importe ! 66 communes citoyennes et participatives, c’est toujours mieux que lors du précédent mandat 2014-2020, pour expérimenter une multiplicité de nouvelles manières de gouverner ! Mais s’emparer du pouvoir local est une chose. L’exercer au quotidien en est une autre.

Entre désillusions et espoirs...

La poignée de listes dites « citoyennes et participatives » victorieuses n’ont visiblement pas encore toutes trouvées, trois ans plus tard, les modalités démocratiques pour fonctionner correctement. Elles n’échappent pas davantage aux démissions ni même aux évictions d’adjoints et autres conseillers municipaux encombrants… A fortiori parmi celles, hybrides, comptant à la fois des élus issus de la société civile et d’autres ayant fait leurs armes au sein de partis politiques. Si elles donnent aujourd'hui l’impression de tâtonner encore, les villes petites et moyennes semblent tout de même dans de meilleures dispositions que les plus grandes villes comme Grenoble ou Marseille, devant conjuguer pour leur part avec la pression médiatique au point d'avoir du mal à faire vivre leurs promesses démocratiques.

Moins de candidats, plus de listes citoyennes et plus de démocratie directe

Sources : ministère de l’Intérieur ; DicoPart, GIS démocratie et participation ; « Le Figaro »

 

Le « Courrier des maires » revient sur les premiers pas de ces élus pas comme les autres, leurs ambitions de transformer la société française par le bas en liant les questions démocratiques, environnementales et sociales, leurs désillusions comme leurs espoirs, les stratégies qui sont les leurs pour changer les règles du jeu politique et permettre au maximum d’habitants de se réapproprier leurs institutions à l’avenir. Mais aussi leurs mécanismes de prise de décisions en interne pour le moins iconoclastes, leurs méthodes pour redonner le goût de la démocratie à leurs concitoyens les plus dépolitisés. Et leur rapport d’étonnement – cruel, mais non moins instructif – sur la décentralisation, la démocratie participative, les dysfonctionnements des intercommunalités ou l’inertie des services de l’Etat.

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