Bruno Retailleau, sénateur UMP réélu en Vendée : "Faire du Sénat une arme anti-norme"

Aurélien Hélias
Bruno Retailleau, sénateur UMP réélu en Vendée :

Bruno Retailleau, Sénat, Vendée

© Maxppp

Réélu le 28 septembre en Vendée et candidat à la présidence du groupe UMP, le sénateur Bruno Retailleau revient sur les raisons qui, selon lui, ont poussé les grands électeurs à faire basculer à droite le Sénat lors de ce scrutin. Et aborde ses priorités pour cette nouvelle mandature : modifier en profondeur la réforme territoriale et faire de la Haute chambre un outil pour lutter contre le transfert de charges de l’Etat aux collectivités territoriales.

Le Courrierdesmaires.fr : Vous attendiez-vous à ce que votre liste fasse carton plein en remportant les trois sièges du département de la Vendée?

Bruno Retailleau. Je préfère être modeste : autant je savais que nous étions portés par le contexte national, autant je ne pensais pas forcément qu’on atteindrait quasiment 70 % de voix, contre 61 % en 2004. C’est une victoire que je dédie aux grands électeurs.

Le succès de votre liste comme le basculement du Sénat à droite résultent-ils de la grogne des élus locaux face à plusieurs réformes, dont la réforme territoriale ?

B. Retailleau. Il est clair que si la droite avait proposé de telles idioties, nous aurions obtenu la même sanction… Prenez la réforme des rythmes scolaires : au moment même où l’Etat nous dit de faire des économies, il nous impose une réforme financée par les communes, en particulier par les plus pauvres qui doivent payer davantage.

La baisse des dotations, la réforme territoriale, le découpage cantonal… : une accumulation de réformes mal pensées et improvisées ! On demande toujours plus aux collectivités, mais en complexifiant davantage leurs taches.

 

La droite récolte donc les fruits de la contestation comme la gauche en 2011, en pleine révision générale des politiques publiques et projet de conseiller territorial…

B. Retailleau.  Effectivement, on peut faire le parallèle… Même si l’état d’exaspération n’a rien à voir : à l’époque, le gouvernement avait imposé un simple gel des dotations en volume, et non en valeur : rien à voir avec la saignée énorme qui se prépare ! Et l'on ne peut pas faire une politique de l’offre déconnectée de l’investissement.

Deux moteurs ont déjà calé : les ménages et les entreprises. Si le troisième moteur, celui des collectivités, cale aussi, c’est toute l’économie qui va s’écrouler. Chacun doit, certes, faire des efforts, mais on ne peut imposer ces économies tout en multipliant les charges. Déjà, l’Etat supprime l’Atesat((Atesat : assistance technique fournie par l'État aux collectivités pour des raisons de solidarité et d'aménagement du territoire.)), n’assure plus l’instruction des permis d’urbanisme… Il faut faire du Sénat une arme anti-norme.

A l’époque, le gouvernement avait imposé un simple gel des dotations en volume, et non en valeur..."

Quelles seront vos contre-propositions sur la réforme territoriale ?

B. Retailleau. Nous devons trouver un consensus sur les territoires, au-delà du parti ultra-minoritaire qu’est devenu le PS. On peut envisager de grandes régions, mais certainement pas avec des compétences de proximité comme les transports scolaires. Le département rural doit être préservé et pas en devenant un syndicat de communautés de communes, ce qui n’est même pas constitutionnel. Et nous disons non à la « schlag » du préfet sur les périmètres intercommunaux : je suis totalement défavorable à un seuil unique de 20 000 habitants pour les intercommunalités, un seuil trop faible pour les départements urbains et bien trop haut pour les départements ruraux.

Le département rural doit être préservé, et pas en devenant un syndicat de communautés de communes."

Que vont changer, dans la gouvernance du Sénat, le basculement à droite, la percée de l’UDI et l’arrivée de deux sénateurs FN ?

B. Retailleau. Si elle est importante symboliquement, l’arrivée de deux sénateurs frontistes ne changera rien. Quant à la majorité de droite, elle rendra les choses plus claires, pour l’opposition comme pour le gouvernement d’ailleurs ! Le président du Sénat avait du mal à incarner l’institution. Ces victoires de la droite doivent désormais être utiles et le Sénat doit marcher sur ses deux jambes : s’opposer et proposer. Quand la loi proposée est mauvaise, il est normal de ne pas la voter. Je n’ai pas vu un seul bon texte passer sur les collectivités, même si nous avions beaucoup amendé celui sur les métropoles. Et le Sénat doit lutter contre les normes et sortir un peu de Paris…

 Je n’ai pas vu un seul bon texte passer sur les collectivités, même si nous avions beaucoup amendé celui sur les métropoles."

Vous vous présentez pour prendre la présidence du groupe UMP lors de l’élection interne du 2 octobre. En quoi vous différenciez-vous de vos deux concurrents, Roger Karoutchi (Hauts-de-Seine) et Gérard Longuet (Meuse) ?

B. Retailleau.  Je suis un élu territorial, issu d’une commune rurale, dans un département dynamique qui fait preuve de beaucoup de projets d’innovation, comme d’insertion sociale. Je me bats pour un certain renouveau du Sénat et l’arrivée de nouveaux visages… Et puis, la ruralité coule dans mes veines !

La passe de trois

Malgré la concurrence de plusieurs listes de droite, celle de Bruno Retailleau a fait carton plein le 28 septembre 2014, en remportant les 3 sièges de sénateurs en jeu en Vendée avec un score de 68,48%. Sénateur depuis 2004, le président du conseil général de Vendée retournera au Sénat accompagné de 2 nouveaux élus :

• Annick Billon, 46 ans, élue municipale depuis 2001 au Château d'Olonne ;

Didier Mandelli, 49 ans, maire du Poiré-sur-Vie et secrétaire général de l'association des maires de Vendée.

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