Baromètre "Courrier des maires" : l'opinion des élus locaux à la veille du Congrès

Pour la deuxième année consécutive, notre Baromètre "prend le pouls" des exécutifs locaux, alors que les maires vont entamer la dernière année de leur mandat. Finances, décentralisation, investissement local, intention de se représenter en 2014..., près de 500 maires et adjoints ont répondu à notre questionnaire, à la veille du Congrès de l'Association des maires de France (AMF).

Mandat en cours : les maires se sentent utiles, mais peinent au quotidien

Après cinq ans de mandat, une majorité d'élus ont le sentiment d'avoir eu une activité déterminante principalement dans le domaine l'aménagement et du développement de leur commune (96 % de réponses positives), et dans la gestion et la valorisation du patrimoine communal (94%).

Ce bilan positif ne doit toutefois pas masquer la complexité grandissante de la fonction: trois maires sur quatre (76%) jugent le mandat plus difficile à exercer en 2012 qu'en 2011, soit 10 points de plus que l'an passé (66%). Les lourdeurs administratives et la raréfaction des ressources expliquent ce ressenti pour un élu sur trois.

En cette fin de mandat, le maintien de la capacité d'investissement de la commune, affiché hier comme LE défi majeur du mandat par 62% des répondants, n'est plus le premier choix que de 43% d'entre eux. En revanche, le développement local et l'emploi sont propulsés en tête des priorités par 6 élus sur 10.

Se représenter en 2014 ? Autant d'indécis que de "partants"

A seize mois du scrutin, 40% des élus pensent se représenter en 2014 (contre 34% en 2011), 40% hésitent et 20% ont renoncé à solliciter un nouveau mandat. L'intérêt de solliciter un nouveau mandat demeure très en deçà de celui formulé à la veille des élections municipales 2008 (61% des maires interrogés en 2007 affichaient leur souhait de se représenter en 2008). En 2012, le taux d'indécis est encore plus significatif: 4 élus sur 10 hésitent, contre 12 % en 2007.

Lorsqu'on interroge les élus sur les thèmes de campagne prioritaires pour 2014, l'emploi arrive en tête des premières réponses, loin devant l'environnement et le cadre de vie.

Autre nouveauté : l'irruption de l'intercommunalité dans ce "hit-parade" des futurs thèmes de campagne: elle est mentionnée par 3 élus sur 4. Une percée à laquelle la modification annoncée du mode de scrutin applicable pour les élus communautaires (fléchage sur les listes des candidats aux municipales) n'est certainement pas étrangère...

Renforcer la décentralisation, avec deux priorités

A la veille du nouvel acte de décentralisation, près de 1 élu sur 3 souhaite son renforcement (29%) et 1 élu sur 5 le transfert de nouvelles compétences (19%). Si l'on additionne les réponses à ces deux items, 48% des répondants (8 points de plus qu'en 2011) souhaitent un renforcement de la décentralisation.

Deux chantiers sont jugés prioritaires : la clarification des compétences et la simplification des normes, mentionnées par deux tiers des répondants.
L'attente forte d'un renforcement du statut de l'élu est confirmée. Un renforcement conditionné par le chef de l'Etat à la fin du cumul des mandats. Message reçu : 67% des élus ayant répondu à notre baromètre estiment que la suppression du cumul entre un mandat parlementaire et un mandat au sein d'un exécutif local serait "une bonne chose".

Finances : un accès très inégal au crédit bancaire

Reconduit en 2013, le gel des dotations de l'Etat aux collectivités va lourdement impacter l'investissement local pour 88% des élus. D'autant qu'à ce gel doivent succéder en 2014 et 2015 des baisses importantes (moins 750 millions d'euros chaque année) comme le gouvernement l'a annoncé, fin septembre, devant le Comité des finances locales (CFL).

Les élus sont inégaux devant la raréfaction du crédit bancaire : 41% d'entre eux reconnaissent accéder aisément au crédit contre 43% "plus difficilement", souvent parmi les communes plus importantes.

Les maires hésitants sur les emplois d'avenir

Seuls 28 % des élus interrogés affirment qu'ils recourront à ce dispositif, l'environnement et la petite enfance constituant les deux domaines prioritaires de recrutement.

Tenaillés entre l'envie d'aider les jeunes en difficulté et la nécessité de maîtriser leurs charges, 38% des élus hésitent tandis qu'un sur trois affirme qu'il ne recrutera pas d'emplois d'avenir. Largement subventionnés par l'Etat, ces emplois d'avenir doivent pourtant être majoritairement recrutés par les collectivités locales et les associations.

Plus d'un maire sur deux contre le mariage pour tous

Présentés en conseil des ministres le 7 novembre, le projet de loi ouvrant le droit au mariage pour tous ne recueille que 37% d'opinion favorable, 53 % des élus se prononçant même ouvertement contre le mariage pour tous. Cette évolution semble donc moins séduire les officiers d'état civil que le grand public.

Le sujet suscite de vrais clivages entre les élus : les élus urbains (54% d'opinions favorables au-dessus de 5.000 habitants) et les jeunes (63% des moins de 40 ans sont pour, 55% des plus de 51 ans contre) se montrant plus progressistes sur le sujet.

Xavier Brivet

Ce Baromètre a été conçu pour la deuxième année consécutive, par "le Courrier des maires", en partenariat avec Income Consulting. Un questionnaire a été adressé par e-mailing auprès de maires et adjoints au maire. Le terrain s'est déroulé entre le 14 septembre et le 1er octobre 2012. 457 élus ont répondu à ce questionnaire (68% de maires, 32% d'adjoints), élus à 82% dans des communes de 5.000 habitants et moins. Les comparaisons entre 2012 et 2011 sont analysées sans redressement.

Retrouvez tous les résultats de notre Baromètre 2012

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