Les présidents de l’Association des maires de France (AMF) et de la Fédération des villes moyennes (FVM) partagent l’inquiétude des élus concernant leur capacité à investir. Ils militent pour la création d’une Agence de financement des collectivités locales qui garantirait leur accès au crédit. Et pour des relations de confiance avec l’Etat.
"Les maires vivent une réalité plutôt positive, mais ils ont le moral en berne"
Jacques Pélissard, président de l'Association des maires de France (AMF)
"Une clause générale de compétence acquise au bloc communal et intercommunal, une réforme de la fiscalité locale applicable aux entreprises en leur faveur, un endettement très inférieur à celui de 1981 et, quasiment partout, une coopération intercommunale permettant une meilleure efficacité de l’action publique et une mutualisation des moyens… Grâce notamment au travail de l’AMF, qui œuvre en faveur de leur pleine autonomie, les maires vivent une réalité plutôt positive. Laquelle, sur le terrain, se traduit par une action reconnue dans leurs principaux champs d’intervention. Sans doute l'une des raisons pour lesquelles, in fine, ils sont un sur deux à ne pas souhaiter davantage de décentralisation, ni à prioriser une nouvelle fiscalité locale, si ce n’est la modernisation des valeurs locatives.
Néanmoins, leur moral est manifestement en berne, et les lendemains paraissent assombris par la perspective de dotations en baisse et d’un recours bancaire complexifié dans un univers — humain et normatif — toujours plus exigeant. C’est pourquoi l’AMF, aux côtés d’autres associations nationales d’élus, bataille fermement en faveur de la création d’une agence de financement des collectivités locales auprès de laquelle chaque commune pourra trouver les solutions nécessaires et adaptées à son action.
L’AMF attend que les promesses visant à simplifier les normes soient tenues. Nous espérons aussi une amélioration tangible du statut de l’élu, la charge de maire étant de plus en plus fréquemment assumée par des personnes jeunes et salariées contraintes de jouer, sans filet, les équilibristes entre leur vie active et leur engagement citoyen."
"La confiance doit être au rendez-vous"
Christian Pierret, président de la Fédération des villes moyennes (FVM)
"Maintenir la capacité d’investissement de la commune ou favoriser le développement local et l’emploi, c’est du pareil au même. Et les élus locaux ne s’y trompent pas, citant l’un et l’autre des items dans leurs tout premiers enjeux à relever. En effet, c’est bien dans leur capacité à pouvoir investir dans de nouveaux équipements et services que les collectivités trouvent la solution d’un rebond face à la crise, leur dynamisme impactant directement l’emploi local et le tissu économique des territoires.
Avérée à chaque strate démographique, cette considération vaut sans doute plus encore pour les villes moyennes.
- D’abord, parce que cités industrielles, elles sont les premières à subir de plein fouet la crise actuelle.
- Ensuite, parce qu’elles assument des charges de centralité lourdes et font bénéficier de leur essor les communes, plus modestes, de leur périphérie. Enfin parce que maîtres d’ouvrage de nombreux équipements, elles sont aussi les plus affectées par l’emprise des normes, qui ralentissent leurs actions et majorent les coûts.
Pour toutes ces raisons, les élus des villes moyennes attendent beaucoup du nouvel acte de décentralisation en préparation.
La loi du 16 décembre 2010 — dont le mérite est d’avoir affirmé l’intercommunalité au cœur de la décentralisation — a globalement fourni de mauvaises réponses à de bonnes questions. La confiance doit, cette fois, être pleinement au rendez-vous, confiance entre l’Etat et les territoires décentralisés, confiance en l’aptitude des élus locaux à apprécier avec pertinence les besoins de la population. Nous devons ouvrir une nouvelle ère de décentralisation, qui se traduirait pas des relations enfin apaisées entre les uns et les autres. »