Au Salon des maires, la majorité joue l’apaisement avec l’AMF

Au Salon des maires, la majorité joue l’apaisement avec l’AMF

Le bureau éphémère du ministère de la Cohésion des territoires au Salon des maires et des collectivités locales (SMCL) le 20 novembre 2018

© A. Hélias

Non-invités au Congrès des maires, les ministres et parlementaires, essentiellement de la majorité présidentielle, se sont retrouvés sur le stand du ministère de la Cohésion des territoires… au Salon des maires. En attendant l’intervention du Premier ministre jeudi après-midi au Congrès, le ministre chargé des collectivités territoriales, Sébastien Lecornu, et le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, ont préféré mettre en avant les prémices d’une « réconciliation » avec l’Association des maires de France.

Ils étaient plusieurs députés La République en marche à entourer le ministre chargé des collectivités territoriales, Sébastien Lecornu, ce mercredi matin au stand du ministère au Salon des maires. Rémi Rebeyrotte (Saône-et-Loire), Sacha Houlié (Vienne), le président de la délégation aux collectivités de l’Assemblée, Jean-René Cazeneuve (Gers)  et d’autres encore dont la députée PS du Puy-de-Dôme Christine Pires-Beaune, qui mène actuellement une mission « flash » sur l’investissement public local. Un lieu de réunion inédit pour des parlementaires et un ministre que l’en rencontre d’habitude davantage dans les allées du Congrès des maires voisin. Mais dans sa volonté de marquer le coup et sa défiance vis-à-vis de l’exécutif, l'AMF avait tranché quelques jours auparavant : pas de ministre - sauf Edouard Philippe jeudi - et bien moins de parlementaires invités à prendre la parole au Congrès…

"Ma porte est toujours ouverte" glisse Sébastien Lecornu

Le signe d’une brouille persistante malgré les derniers gestes de l’exécutif et de l’Elysée pour reprendre langue avec les maires et les associations d’élus. « Mais si, nous serons présents. Le Premier ministre interviendra et nous représentera jeudi ! », a voulu apaiser le ministre chargé des collectivités territoriales sur le stand, entre deux entrevues avec les parlementaires et maires présents, dont la vice-présidente de l’AMF, Cécile Gallien (Vorey, Haute-loire).

Et l’ancien président du conseil départemental de l’Eure de mettre en avant la réception par Emmanuel Macron de plusieurs centaines de maires à l’Elysée mercredi soir et sa missive aux édiles. Et au-delà, le fil sera-t-il rénové via la Conférence nationale des territoires dans sa nouvelle forme ? « Oui, dans sa préparation et dans les instances de dialogue, mais aussi dans nos déplacements avec Jacqueline Gourault dans les territoires", qui devrait, elle rallier, le stand du ministère au Salon le lendemain jeudi. Suffisant pour renouer les liens avec l’AMF ? : « Ma porte est toujours ouverte. Cela ne mènera à rien d’opposer les collectivités à l’Etat », glisse l’ancien maire de Vernon (Eure), ex-LR passé chez LREM.

Dans ses pas, le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, a tenu un discours semblable. Et le haut représentant du pouvoir législatif de venir défendre… le pouvoir exécutif. « Le président de la République s’était engagé à rendre compte… il le fait en invitant les maires à l’Elysée ! Les maires l’aiment tellement qu’ils voudraient l’avoir chaque année physiquement ! », a ironisé l’éphémère ministre de la Cohésion des territoires.

Et ce dernier de promouvoir le souhait d’une coopération relancée avec les quelque « 500 000 élus qui font la République, dont les quatre cinquièmes sont bénévoles. Nous sommes ensemble pour faire vivre des valeurs », a plaidé Richard Ferrand. Un discours très confiant, quitte à relativiser les chiffres de l’enquête du Cevipof selon laquelle la moitié des maires en place ne souhaite pas se représenter. « 73 % des maires interrogés sont heureux d’exercer ! La moyenne d’âge, de 62 ans, fait aussi qu’ils veulent passer la main », a-t-il assuré. Tout juste Richard Ferrand a-t-il concédé que le mandat de maire était « extrêmement exigeant, nos compatriotes étant toujours plus en demande ».

Pique à François Baroin, bureau éphémère sous le portrait de Macron

Un ton très conciliant de la majorité à l’égard des édiles et de l’AMF… même si le président de l’Assemblée, interrogé sur un possible « mouvement de recentralisation » et sur la diminution ces  dernières années des dotations aux collectivités, a rappelé que François Baroin avait été le « ministre du budget qui avait gelé » le montant de ces transferts...

Quant au ministre en charge des collectivités territoriales, il pouvait mettre en scène la réconciliation avec les élus, en louant la présence et le travail du maire de Trèbes, commiune récemment touchée par de meutrières inondatoions. Mais aussi en recevant ces maires arpentant le SMCL sur le stand du ministère dans un bureau reproduisant celui de la Rue de Varenne… portrait d’Emmanuel Macron compris.

La Délégation aux collectivités consulte les élus sur la différenciation territoriale

Quelles compétences, dont ne disposent pas en principe les collectivités de la catégorie dont ils sont élus, souhaitent-ils pouvoir exercer pour mener à bien leurs projets ? A quelles normes souhaitent-ils pouvoir déroger dans l’exercice de leurs compétences ? C'est à ces deux questions principales qu'est consacré le questionnaire en ligne mis en  oeuvre par la délégation aux collectivités du Palais Bourbon, adressé à l'ensemble des élus locaux. "Les résultats de cette enquête permettront d’illustrer les possibilités nouvelles qu’ouvrira, pour les collectivités, l’inscription dans la Constitution d’un droit à la différenciation, et de nourrir la réflexion sur les limites juridiques et politiques envisageables pour ce nouveau droit", détaille la délégation. Le questionnaire est accessible, jusqu’au 6 décembre à cette adresse.

Recevez vos newsletters gratuitement

FORMATIONS