Après le grand débat, des élections municipales « participatives » et « inclusives » ?

Aurélien Hélias
Après le grand débat, des élections municipales « participatives » et « inclusives » ?

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Selon un sondage OpinionWay réalisé pour Cap Collectif, les Français semblent être en attente d’une campagne municipale inclusive et participative. Une tendance lourde d’une France post-grand débat national, défiante à l’égard des politiques, et soucieuse de faire entendre « ses maux ».

De l’écoute et de l’inclusion. Interrogés par OpinionWay (([1] Sondage réalisé du 7 au 9 mai 2019 sur un échantillon représentatif de 1001 Français.)) sur les qualités qu’ils espèrent retrouver chez les candidats aux élections municipales, deux tiers des Français avancent la capacité d’écoute (71%) et la capacité à prendre en compte les propositions des habitants (66%). Vient ensuite, une bonne connaissance du territoire (62%). Loin derrière, on retrouve l’aisance en communication, ou encore l’appartenance à un parti politique !

Candidats : entre « dégagisme » et réassurance

« On retrouve au local une sorte de ‘dégagisme’ ambiant », note Frédéric Micheau, directeur des études d’opinions de l’institut OpinionWay, « avec une forte attente de renouvellement des candidats et des listes ». Les Français semblent donc plébisciter des listes plus féminines, plus jeunes, moins partisanes et comprenant plus de personnes issues des minorités. D’ailleurs, 71% des personnes interrogées affirment même qu’elles préfèreraient voter pour une personnalité « issue de la société civile » contre 25% pour une « personnalité appartenant à un parti politique ».

En revanche, sur la question de l’expérience, le « dégagisme » est moins net, puisque 45% des sondés seulement affirment être prêts à voter pour une personne dénuée d’expériences politiques. « On sent qu’il y a ici une hésitation entre des aspirations au renouvellement et une volonté d’être rassuré par une personnalité qui a de l’expertise et qui connaît son sujet » note Frédéric Micheau.

Projets : une campagne plus participative !

Quant au projet défendu par le candidat, il apparaît comme crucial aux yeux des sondés. Pour 63% d’entre eux, c’est bien sur ce point – avant tous les autres – que se jouera le bulletin glissé dans l’urne. Et plus le projet semble participatif dans son élaboration (la co-construction) et inclusif dans sa mise en œuvre, plus il serait en mesure d’emporter l’adhésion des habitants.

Ainsi, 78% des Français se disent davantage prêt à voter (« certainement » et « probablement ») pour un programme comprenant un « espace de concertation pour s’exprimer sur les grands chantiers de la commune ». Idem pour un projet qui inclurait un « un système d’évaluation des mesures mises en œuvre » (77%) ou encore « un tableau de bord pour suivre la mise en œuvre du programme du candidat élu » (75%). « Le triptyque écoute/ co-construction/ implication des habitants est très cohérent dans ce sondage, détaille le directeur d’OpinionWay, pour qui la crise des gilets jaunes puis le succès du Grand débat national marquent un tournant dans les attendes des Français en matière de gestion de la vie publique ».

Mais pour Cyril Lage directeur de Cap Collectif - start-up de la Civic Tech qui a organisé le Grand Débat – la démocratie participative ne peut se résumer « à des gadgets » ou à « des actions se situant en périphérie de l’action publique », car les Français dans ce cas-là « ne se déplacent pas ». Comprendre que dans une France post-grand débat, défiante vis-à-vis du Politique, la demi-mesure participative n’a plus sa place !

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