© Thomas Louapre
Le politique peut-il aller contre le mouvement des consommateurs et des usagers ? Il se pourrait bien que oui, lorsque la pulsion du recours à un service « ubérisé » affecte directement la citoyenneté de ceux-ci ou perturbe frontalement des fonctions urbaines aussi essentielles que le commerce, le logement ou les mobilités… Si la pandémie de Covid-19 a propagé de nouveaux modes de consommation – livraison de courses ultra-rapides et de repas – devenus des symboles de l’« ubérisation » de l’économie et de la société occidentale, elle a aussi éveillé l’attention de certains élus locaux préoccupés par l’impact grandissant des dark-kitchens, dark-stores et autres plateformes numériques sur la précarité des travailleurs indépendants ou sur les fragiles équilibres de leur cité.
Il arrive que la Commission européenne, le ministère de l’Economie, et même certaines associations d’élus ou collectivités locales, se laissent encore opportunément charmer par les lobbyistes de quelques-unes de ces firmes. Mais du maire de Grenoble à celui de Nancy en passant par le ministère de la Ville, Paris, la Seine-Saint-Denis ou Villes Internet, de plus en plus de responsables politiques sont en passe d’adhérer à une nouvelle doctrine de régulation nettement plus offensive. Et n’hésitent plus à pointer les conditions de travail plus que pénibles offertes à leurs vrais-faux salariés, les externalités négatives de ces plateformes sur le tissu urbain, leurs stratégies d’optimisation fiscale, etc… Jusqu’à riposter et avancer des alternatives afin de contrer, sur le terrain, l’influence de ces envahissantes applications.