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Le politique peut-il aller contre le mouvement des consommateurs et des usagers ? Il se pourrait bien que oui, avec un peu de volonté, lorsque la pulsion du recours à un service « ubérisé » affecte directement la citoyenneté de ceux-ci ou perturbe frontalement des fonctions urbaines aussi essentielles que le commerce, le logement ou les mobilités… Si la pandémie de Covid-19 a propagé de nouveaux modes de consommation et de nouvelles pratiques – livraison ultra-rapides de courses ou de repas, services de micromobilités en free-floatting – renouvelant les symboles de l’« ubérisation » de l’économie et de la société occidentale au-delà d'Airbnb ou Uber, elle a aussi éveillé l’attention de certains élus locaux. De plus en plus se montrent ainsi préoccupés par l’impact grandissant des dark-stores et autres plateformes numériques sur l'empreinte environnementale des consommateurs, la précarité des travailleurs indépendants auxquels ils recourent ou, de façon plus pragmatique, sur les fragiles équilibres de leur cité.
Il arrive que la Commission européenne, le ministère de l’Economie, et même certaines associations d’élus ou collectivités locales, se laissent encore opportunément charmer par les lobbyistes de quelques-unes de ces firmes. Mais du maire de Grenoble à celui de Nancy en passant par le ministère de la Ville, Paris, la Seine-Saint-Denis ou Villes Internet, de plus en plus de responsables politiques locaux et nationaux semblent en passe d’adhérer à une nouvelle doctrine de régulation nettement moins naïve, pour ne pas dire plus offensive. Et n’hésitent plus à pointer, en plus des externalités négatives de ces plateformes sur le tissu urbain, les conditions de travail plus que pénibles offertes à leurs vrais-faux salariés, leurs stratégies d’optimisation fiscale, etc… Certains vont même jusqu’à riposter et avancer des alternatives à ces services afin de contrer, sur le terrain, l’influence croissante de ces envahissantes applications.