SDF, Paris, promenade Richard-Lenoir
© Flickr-CC-JL.Zimmermann
Comment favoriser le logement des personnes atteintes de troubles psychiques ? Deux expérimentations ont été présentées récemment par l’association « Elus, santé publique et territoires » (ESPT). D’une part, le programme « Un chez soi d’abord », destiné aux sans-abri atteints de maladies psychiatriques. D’autre part, le travail de l’association Aurore en direction des locataires du parc social en souffrance psychique.
C’est lors du dernier séminaire de l’association ESPT((L’association « Elus, Santé Publique & Territoires » a été créée en 2005 par des élus locaux en charge de la santé, désireux d’œuvrer avec les pouvoirs publics pour que la santé devienne l’un des champs des politiques municipales.)), le 13 février dernier, à Paris, que ces deux expérimentations ont été évoquées.
Les élus s’intéressent de plus en plus aux questions de santé mentale, en particulier en lien avec le logement. Demandes de logement, possibilité d’hospitaliser des personnes sans leur consentement, rôle dans la création d’un conseil local de santé mentale… Les élus locaux sont concernés à plusieurs titres. Selon le rapport Pinte((Rapport sur l’hébergement d’urgence et l’accès au logement des personnes sans-abri ou mal logées, 2007-2008.)), 40% des expulsions sont liées à des troubles du comportement.
« Un chez soi d’abord » : « sans abrisme » et santé mentale
C’est en 2011 que la délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (DIHAL) a lancé le programme national « Un chez soi d’abord ». Plus de 700 personnes ont intégré une étude dans les quatre sites sélectionnés : Paris, Marseille, Toulouse et l’agglomération lilloise.
Ces personnes ont toutes en commun un long passé de vie dans la rue, une pathologie sévère (schizophrénie ou troubles bipolaires) et un éloignement à l’égard du système de soins. « Un chez soi d’abord » vise à évaluer les effets positifs d’un accès rapide à un logement, doublé d’un accompagnement médico-social.
Comme il s’agit d’un programme de recherche clinique, deux groupes ont été constitués : un groupe témoin composé de sans-abri qui bénéficient de l’accompagnement médico-social habituel, et un autre groupe inclus dans le programme. Les membres de ce groupe ont accès à un logement, dans le parc privé, le plus souvent, et sont suivis au moins une fois par semaine par une équipe mobile pluridisciplinaire.
Réponse alternative
« Un chez soi d’abord » se veut une réponse alternative à l’accès au logement par étapes, qui est long et pas toujours couronné de succès, pointe Vincent Girard, chercheur en santé publique et coordonnateur de la recherche au sein du programme. Ainsi on ne demande pas aux participants d’être abstinents à l’égard de leurs addictions pour pouvoir accéder à un logement ».
L’appartement est attribué en un mois à peine ; il est sous-loué aux anciens sans-abri par une association, qui est locataire en titre. Après douze mois d’expérimentation, des différences notables sont relevées entre les deux groupes : chez les personnes incluses dans le programme, le nombre de jours d’hospitalisation est deux fois moins élevé (neuf jours contre dix-huit jours) ; confiance en soi, autogestion de la maladie et qualité de vie sont bien meilleures.
Un accueil variable en fonction des municipalités
« Le programme a reçu un accueil varié de la part des municipalités, souligne Pauline Rhenter, chargée de recherche. A Toulouse et Marseille, les villes soutiennent le programme. A Paris, l’accueil est mitigé ; toutefois, 53 logements sociaux ont été mis à disposition. A Lille, les élus ont manifesté une opposition explicite au programme dans la mesure où il entre en collision avec un accord entre les communes et les bailleurs sociaux sur l’accès prioritaire au logement. »
Une équipe mobile psychosociale
Autre expérimentation, menée à Paris et en première couronne parisienne : l’association Aurore travaille auprès de locataires du parc social en souffrance psychique et manifestant des problèmes de comportement. Un partenariat entre Aurore et la société Toit et Joie a commencé en juin 2013. Depuis, Paris Habitat, la SIEMP, le Logement francilien et Coopération et Famille se sont joints à l’expérimentation.
« Notre équipe de psychologues intervient au domicile des locataires à la demande des bailleurs sociaux, résume Marianne Auffret, responsable de l’équipe mobile psychosociale d’Aurore – qui est par ailleurs élue à la mairie du XIVe arrondissement de Paris, en charge de l’urbanisme et de la santé.
Actuellement, nous suivons 78 situations. Les bailleurs ne savent pas prendre en charge ces personnes, et cela se termine trop souvent par une expulsion ». Aurore organise aussi des groupes d’analyses des pratiques auprès des gardiens d’immeubles et des salariés du pôle social des sociétés HLM.
Ouvrirlesyeux - 25/04/2015 10h:40
La loi DALO a très gravement ampiété sur une priorité qui était reconnue aux handicapés pour le logement social avant cette loi. Les demandes de logement social classiques passent derrière les DALO dont plus de 95% en IdF ne relèvent ni d’une situation d’insalubrité ni de situation d’hyper-occupation de logement. En outre, le handicap n’est pris en compte dans le Dalo que, dans les cas extrêmes, où la personne handicapée vit dans moins de 25m2 ou que si sa famille est en situation de suroccupation (- de 9 m2/par personne). Dans tous les autres cas du dalo, son handicap n’est pas pris en compte et ce, même si sa demande de logement est très ancienne. En petite ou grande banlieue de l’Ile de France, la location d’un logement décent dans le parc privé est très difficile (méfiance des bailleurs envers les personnes vulnerables sans ressources propres) et couvre la quasi-totalité ou l’integralité de l’AAH . Il y donc une contradiction profonde – assez scandaleuse - entre un loi sociale de base qui prône dans tous les textes un logement prioritaire des handicapé et un loi DALO d’urgence qui les …nie.
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