Contes pour enfants
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L'accueil collectif des plus petits est à un tournant: les collectivités locales auront-elles les moyens de répondre à la demande, d'offrir un accueil de qualité pour les moins de trois ans et de financer ces places de crèches tout en gardant en vue l'objectif de recevoir des enfants issus de familles modestes ? Enquête.
Soixante pour cent des crèches sont gérées par des collectivités territoriales. Si celles-ci ne financent qu'un cinquième des dépenses publiques consacrées à l'accueil collectif des moins de 3 ans, en tant que gestionnaires de la majorité des établissements d'accueil du jeune enfant (EAJE), leur politique petite enfance pèse sur le profil des familles accueillies. L'Etat, et la branche famille, par les financements qu'ils octroient aux gestionnaires, tentent d'orienter une politique nationale ambitieuse en la matière. Mais les baisses successives des dotations de l'Etat ont rendu les maires très frileux. D'autant plus que les financements étaient jusqu'à présent généreux en termes d'investissement, mais beaucoup moins pour soutenir le fonctionnement des EAJE.
Une nouvelle ère, vraiment ?
Depuis 2014, les élus locaux n'ont cessé de se plaindre à ce sujet, dénonçant des contraintes comptables qui nuisent à la qualité de l'accueil. Conséquence : en cinq ans, les fonds dédiés à l'investissement dans de nouveaux EAJE ont été régulièrement sous-consommés. Le Haut Conseil de la famille de l'enfance et de l'âge estime que 230 000 solutions d'accueil seraient nécessaires pour que des parents ne se retrouvent plus en porte-à-faux vis-à-vis de leur emploi.Les nouveaux financements de 2018 à 2022 devaient répondre à ces écueils : enfin l'Etat introduisait des bonus liés au fonctionnement des établissements, pour encourager l'accueil des enfants en situation de pauvreté ou de handicap, qui n'accèdent pas autant que les autres à l'accueil collectif.
Hélas, les modes de calcul de ces bonus sont tellement restrictifs qu'ils risquent de tomber à côté de leur objectif. Avec un Fonds national d'action social (Fnas) qui permet tout juste de financer l'existant, la création des 30 000 places de crèche annoncées, en priorité dans les quartiers prioritaires de la ville, se fera forcément au détriment d'autres politiques, ou des collectivités qui ont davantage de moyens. Si tant est que les élus locaux soient convaincus&hellip
Projets au point mort
Car il ne suffit pas de créer des places en crèche pour que les familles défavorisées y accèdent. Elles ont besoin d'un accompagnement que les budgets en faveur du soutien à la parentalité ne permettent pas de développer comme il le faudrait. Le manque de visibilité financière, près d'un an après la signature de la convention d'objectif et de gestion, n'aide pas non plus les élus à imaginer l'avenir. D'autant que la période des élections municipales n'est jamais propice aux grands projets. L'investissement social dans la petite enfance, ce n'est donc pas pour tout de suite...