A Saint-Etienne, l’étude de sécurité publique est au cœur du dialogue sur le projet

L'étude de sécurité urbaine est souvent vue comme une contrainte lors du dépôt de permis de construire. Pourquoi, au contraire, ne pas élaborer en amont un document de fond, tous les acteurs de l’espace public de retrouvant pour transformer l’exigence de sécurité en gage de qualité urbaine et de tranquillité pour les habitants ? C’est le pari fait par Saint-Etienne (Loire).

Ancien site minier devenu gigantesque parking avec des équipements disposés au hasard, la Plaine Achille (photo), en limite du centre de Saint-Etienne, est vouée à devenir un parc urbain. Objectif : avoir un espace ouvert pour permettre l’accès aux divers équipements. Très tôt, l’aménageur, l’établissement public d’aménagement de Saint-Etienne, se pose la question de la sécurité. Le GIE Réussir l’espace public (REP) est retenu, en décembre 2009, pour élaborer une étude de sûreté et de sécurité publique (ESSP).

Les ESSP, créés par la loi Loppsi du 29 août 2002, sont obligatoires depuis la loi du 5 mars 2007. Avec le décret du 24 mars 2011, elles doivent être réalisées pour des ZAC de 70.000m² ou plus de SHON, pour certains établissements recevant du public (ERP), établissements d’enseignement, gares et certaines opérations "ANRU".

« Avant 2007, les maires étaient motivés. En 2007, les études sont devenues un document technique obligatoire de plus et on voyait passer n’importe quoi. Depuis 2010, les sous-commissions de sécurité publique qui les valident se sont professionnalisées et les études sont de meilleure qualité », constate Renaud Prouveur, PDG d’Althing, bureau d’études spécialisé en ESSP.

La qualité de vie comme objectif
Selon Renaud Prouveur, il est indispensable que le maire s’implique dans le projet, se dote des moyens de résister aux exigences purement sécuritaires, au risque de se voir imposer le financement de dispositifs de sécurité publique. Le maire doit se doter des moyens de résister aux exigences purement sécuritaires.

Pour y parvenir, il faut privilégier le diagnostic préalable, réfléchir à la pérennité de l’ouvrage et, surtout, mettre en tête des objectifs l’amélioration de la qualité de vie. « Discuter en amont avec la police permet de négocier, de protéger contre les excès de préconisation. L’urbanisme n’est pas la seule réponse. L’ESSP doit comporter des préconisations à caractère social », ajoute Renaud Prouveur.

Des activités pour rendre le site séduisant
Yves Janvier, ingénieur en économie territoriale de REP, accompagne donc les trois équipes retenues dans le cadre du dialogue compétitif. « Nous leur avons présenté les modalités de gestion du parc de La Villette, qui permettent d’avoir un grand parc ouvert avec un sentiment de sécurité élevé malgré une fréquentation parfois difficile.» Une phase de diagnostic révèle qu’il sera difficile aux habitants de se passer de ce qui leur servait de parking depuis vingt ans.

Conséquence : il faut prévoir du stationnement, mais régulé, et concevoir un site suffisamment attractif pour attirer et faire rester un public varié. Faute de quoi, le parc redeviendrait parking. Des activités sont donc prévues : marchands, poneys, espace skate…

L’équipe lauréate d’Alexandre Chemetoff accepte de retourner l’entrée d’une antenne universitaire aménagée dans une usine désaffectée vers le parc, toujours pour en améliorer l’animation. Pour la gestion, la ville embauchera des personnes polyvalentes, capables d’être à la fois gardiens, éducateurs, jardiniers, pédagogues…

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