97e Congrès des maires : l’Europe ne doit pas faire peur aux élus

97e Congrès des maires : l’Europe ne doit pas faire peur aux élus

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© Flickr/fdecomite

Face au désamour des citoyens qui met l’Union européenne en péril, les élus locaux doivent apprendre à la connaître et ne pas hésiter à se faire entendre pour rétablir le lien entre les institutions et les Européens.

Après une absence de quelques années, retour de l’atelier Europe au Congrès des maires. Il ne s’agissait pas tant, cette fois-ci, de donner un mode d’emploi que de susciter une mobilisation des élus locaux en faveur de l’Union européenne, en leur montrant qu’ils ne sont pas démunis face à ce qui peut leur apparaître comme un monstre froid.

L’Europe bouc émissaire
Christophe Rouillon, maire de Coulaines (72) et président de la commission Europe de l’AMF, propose de décentraliser les fonds de communication européens vers les collectivités locales et les structures décentralisées.

« Pour être mieux compris, il faut décentraliser le discours », estime-t-il. « Et les commissaires et députés européens doivent aller sur le terrain ». Il demande donc que toutes les régions européennes soient visitées une fois par an par un commissaire européen.

Agnès Le Brun, maire de Morlaix (29), ex députée européenne, se demande, elle, pourquoi « un tel éloignement agressif de l’Europe » de la part des citoyens et comment les y ramener. Puisque l’Europe est devenue le bouc émissaire des difficultés françaises, il faut qu’elle apparaisse comme plus rassurante. L’Etat ne devrait plus se défausser sur elle de ses problèmes et devrait reconnaître ses succès. Et l’Education nationale devrait imposer un enseignement sur l’Europe.

La voix des territoires
Michel Lebrun, président du Comité des régions, qui devrait prochainement s’appeler Comité européen des régions, reconnaît qu’il est difficile de faire entendre la voix des collectivités régionales et locales, car les institutions ne reconnaissent que les Etats. Conséquence : l’impact de la législation européenne sur les collectivités est trop souvent oublié.

Le Comité des régions monte pourtant en puissance, au fil des traités, pour faire entendre la voix des territoires. C’est ainsi qu’en accord avec le Parlement européen, le CdR a élaboré une Charte de la gouvernance multiniveaux signée par la Commission et le précédent président du Conseil, Herman van Rompuy et devrait l’être par le nouveau, Donald Tusk.

« Elle concerne tous les niveaux, depuis les municipalités jusqu’au niveau européen et rappelle que les municipalités ne sont pas là seulement pour mettre en œuvre la politique européenne mais aussi pour être consultées avant son élaboration », explique Michel Lebrun.

Interpeller les députés
Danielle Auroi, présidente de la commission Affaires européennes à l’Assemblée nationale et ancienne députée européenne, appelle les élus locaux à interpeller sa commission qui peut ensuite elle-même interpeller, par différents moyens, le gouvernement, le Parlement européen et la Commission.

Pour Harlem Désir, « l’Europe des fonds européens structurels et d’investissement (FESI) est l’Europe de tous les territoires ». Mais il ne faudrait pas, pour autant, oublier les autres financements possibles, tels le programme Horizon 2020 ou l’Initiative pour l’emploi des jeunes (IEJ).

Le plan d’investissement Juncker de 315 milliards d’euros sur 3 ans, présenté le jour même par le président de la Commission, bénéficiera-t-il aux collectivités ? Réponse évasive de Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques : « Il y aura un guichet unique pour les projets selon leur maturité et leur capacité à générer de la croissance. Il faudra échanger avec les collectivités locales, même s’il n’y a pas de logique de juste retour ». Comprenne qui pourra.

Quant à l’invitation de Christophe Rouillon, de visiter les régions une fois par an, Pierre Moscovici la décline poliment. « Je ne peux y consacrer tant de temps, j’ai quelques petits dossiers à traiter ».

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