96e congrès des maires : l’AMF veut poser les questions qui fâchent

Aurélien Hélias
96e congrès des maires : l’AMF veut poser les questions qui fâchent

Les élus invités au débat

© S. Gautier

A 12 jours de l’ouverture du congrès des maires, l’Association des maires de France (AMF) présentait le 5 novembre le programme de ce dernier « grand rendez-vous collectif » avant le renouvellement des mandats en mars 2014. De la réforme des rythmes scolaires à l’investissement local en passant par l’avenir institutionnel des communes, l’AMF a souhaité aborder tous les sujets qui font polémique, quitte à faire participer aux débats des personnalités diverses, pas forcément acquises à l’idée de renforcer les prérogatives des communes.

« 36 769 maires : chance ou faiblesse pour la République ? », « Intercommunalité ou supra-communalité ? », « Produire du logement : un simple problème de gouvernance ou un problème de moyens ? », « Faut-il prévoir le suffrage universel direct pour l’élection des conseillers communautaires ? ».

Pour son 96e congrès qui se tiendra à Paris du 18 au 21 novembre, l’Association des maires de France a décidé de poser les termes du débats en réutilisant dans l’intitulé des tables rondes quelques-unes des critiques régulièrement adressées aux communes et au supposé conservatisme des maires. « L’AMF n’est pas une association d’arrière-garde : elle veut aborder les vrais sujets », a développé son président Jacques Pélissard, à l’heure de présenter, ce 6 novembre, le programme du congrès.

Ainsi retrouvera-t-on à la tribune quelques-uns des habituels détracteurs du secteur public local et de ses dépenses, comme Agnès Verdier-Molinié, directrice de la Fondation IFRAP, ou plus largement du millefeuille territorial, en l’occurrence Jacques Attali, aujourd’hui président de Planet Finance, promoteur de la suppression des départements et d’une réduction drastique du nombre de communes. Ce qui promet « des visions peut-être décapantes », prédit déjà le président de l’AMF.

« Un certain degré de lassitude » avant les élections de 2014
Bien sûr, à ces questions posées « de manière abrupte », comme le décrit André Laignel, premier vice-président délégué de l’AMF, l’association a des réponses qui ne font pas mystère.

Entre l’hypothèse d’une interco « outil au service des communes, librement consentie, librement mise en œuvre », et une interco outil « d’absorption, de dilution des communes », le maire d’Issoudun glisse volontiers qu’il est favorable « au principe de liberté, de coopération » plutôt qu’à celui « qui l’impose de manière très technocratique ».

Toujours sur le fait communautaire, l’AMF a également jugé que l’intitulé de la table ronde « Faut-il prévoir le suffrage universel direct pour l’élection des conseillers communautaires ? » ne serait pas complet sans cette deuxième interrogation faussement naïve : « Cela ne risque-t-il pas, en créant de facto une nouvelle collectivité territoriale, d’entraîner la disparition de la commune ? »…

Autant de débats proposés aux élus dans ce qui sera le dernier congrès du mandat, « voire pour beaucoup de maires, le dernier congrès de leur vie politique », raison pour laquelle « nous attendons beaucoup de monde », a annoncé Jacques Pélissard.

André Laignel prévoit d’ailleurs un taux de renouvellement des premiers édiles en 2014, « au minimum du tiers des maires » (le taux de renouvellement des maires s’établissait à 38,3 % en 1995, 43,3 % en 2001 et 40,3 % en 2008).  Peut-être encore le fait d’une « véritable lourdeur du mandat », accentuée chaque année un peu plus par « la charge de travail et de responsabilité des maires », occasionnant selon lui un certain « degré de lassitude » chez nombre d’entre eux.

Pas de polémique sur l’absence du chef de l’Etat
Reste que l’AMF compte bien porter l’idée que les communes « sont ces espaces de cohésion sociale où l’on parle de projets, où se construit le lien de proximité » selon Jacques Pélissard. Et le maire de Lons-Le-Saunier d’évoquer « la modernité de l’action des communes », à l’image des initiatives législatives prises par l’association pour faciliter, pour celles qui le souhaitent, la fusion de communes entre elles ou faciliter les mutualisations, « ascendantes comme descendantes » tient-il à rappeler.

Et pour mieux faire preuve du caractère constructif des positions de l’AMF, son président a souhaité balayer d’un revers de la main tout début de polémique sur la non-venue au congrès de François Hollande, annoncée le matin-même. « Les présidents ne sont jamais venus à tous les congrès », a-t-il déclaré, rappelant les cas de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy. « François Hollande est venu l’année dernière. Là, nous avons le Premier ministre », a-t-il ajouté, visiblement satisfait que l’exécutif soit présent, fût-il représenté par « seulement » onze ministres du gouvernement dont le premier d’entre eux.

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