Strasbourg, un centre-ville dynamique… car piétonnisé et apaisé !

Le centre-ville de Strasbourg a été distingué pour son dynamisme par Procos, la fédération pour l’urbanisme et le commerce spécialisé. Adjoint au maire en charge des déplacements et des aménagements innovants, Jean-Baptiste Gernet attribue ce succès à la politique volontariste de la mairie en faveur du vélo et des piétons.
Comment expliquez-vous que la vitalité commerciale du centre-ville de Strasbourg ait ainsi été saluée par Procos et les medias ?
Nous faisons très clairement un lien avec la politique que nous menons en faveur du vélo, des piétons et des transports en commun. Nous sommes toujours dans les premiers dans les classements concernant la place du vélo en ville et nous sommes également premier de ce palmarès sur les centre-villes marchands les plus dynamiques… Ce n’est pas un hasard.
Nombre d’élus confrontés au déclin des commerces réagissent d’abord en favorisant le retour de la voiture en ville. Cela vous étonne-t-il ?
Le célèbre slogan « no parking no business » – qui voudrait que là où il n’y pas de place de stationnement les affaires ne marchent pas – est dépassé ! D’ailleurs certains commerçants, qui pouvaient être opposés au tramway il y a 20 ans, sont aujourd’hui contents de le voir en face de leur boutique et demandent même à ce que l’on piétonnise davantage autour !
Parce que, lorsque l’on se déplace à pied ou à vélo en ville, on n’est pas enfermé dans la carcasse de sa voiture. On reste au contact des gens ou des vitrines que l’on a plaisir à regarder, on peut s’arrêter plus facilement. Et à pied ou à vélo, on est amené, dans une journée, à passer plusieurs fois devant certains commerces…
Pour encourager le commerce de centre-ville, il vaudrait mieux laisser de la place, selon vous, aux vélos et aux piétons qu’aux automobilistes ?
Si l’on regarde un acte d’achat unique, effectivement un automobiliste va remplir son coffre et dépenser plus d’argent d’un coup. Mais, sur la semaine ou sur le mois, les clients à pied et à vélo sont des clients plus fréquents, plus fidèles et plus ouverts à tout ce qui peut se passer dans les vitrines des commerçants…
Nous avons réussi à convaincre nos commerçants par la preuve.
Mais il y a aussi la question des zones commerciales périphériques…
Pour les territoires, c’est effectivement un enjeu important. Au-delà de l’organisation du centre-ville dont on vient de parler (vélo, piétons, tramway : faire vivre la ville autrement), il faut aussi veiller à ce qu’il n’y ait pas trop de grandes locomotives commerciales en périphérie qui absorbent tout le flux.
Ce que l’on constate à Strasbourg – qui n’est pas dépourvu en zones commerciales périphériques – c’est que le centre-ville prend tout de même le pas sur elles. Au niveau national, plus de la moitié du chiffre d’affaires dans les agglomérations est capté par la périphérie mais à Strasbourg, c’est l’inverse ! Il y a donc un équilibre commercial entre les commerces de périphérie et ceux du centre qui bénéficient à plein de cette expérience de ville avec moins de voitures.
Par ailleurs, on a longtemps dit aux élus, qu’il était nécessaire d’intégrer une locomotive commerciale en périphérie, que cela allait attirer des flux et qu’il y avait certains types de commerces qui ne pouvaient être placés que là-bas… mais ce n’est pas forcément vrai !
A Strasbourg, on a ainsi vu le retour dans l’hyper-centre d’une grande enseigne de bricolage…ils se sont installés dans une zone à 30 km/h, avec peu de stationnements. Et leur succès – car le magasin marche très bien-, n’a donc rien à voir avec le nombre de places de parking devant le commerce ! C’est plutôt l’idée que c’est agréable d’habiter en ville et de pouvoir aller acheter du matériel de bricolage sans faire 15 km en voiture…
Sommaire du dossier
27 articles Lire le 1er article- Article 01 - L’épargne privée : une piste pour la revitalisation des « cœurs de ville » ?
- Article 02 - La « revanche » des villes moyennes, une prophétie loin d’être accomplie
- Article 03 - Revitalisation commerciale : « aux collectivités d’accompagner les plateformes digitales locales »
- Article 04 - Des boutiques pour transformer l’essai de la revitalisation commerciale
- Article 05 - Doit-on limiter l’expansion des surfaces commerciales en périphérie ?
- Article 06 - De la nécessité de se préserver des rivalités communales, poison de la revitalisation
- Article 07 - Quand un bourg du Nord implique la grande distribution dans le soutien au petit commerce
- Article 08 - « L’urgence ? S’attaquer à la culture de la périphérie et réguler l’e-commerce »
- Article 09 - Action cœur de ville contre Pacte de revitalisation des centres-bourgs, le cœur des maires oscille
- Article 10 - « Action cœur de ville » : publication du guide pour la revitalisation des 222 territoires retenus
- Article 11 - Revitalisation des centres-villes : du laisser-aller à une action globale
- Article 12 - Les 222 villes moyennes sélectionnées pour bénéficier du plan « Action cœur de ville »
- Article 13 - Le plan « Action cœur de ville » sera-t-il à la hauteur pour dissiper le blues des élus locaux ?
- Article 14 - Centres-villes : la Caisse des dépôts accélère le rebond de Châtellerault
- Article 15 - Strasbourg, un centre-ville dynamique… car piétonnisé et apaisé !
- Article 16 - Urbanisme commercial : la douce révolte contre l’étalement urbain
- Article 17 - « Fiscalisons davantage les constructions en plein champ pour sauver les centres-villes »
- Article 18 - Saturation commerciale sur la Côte d’Azur !
- Article 19 - Régulation de l’urbanisme commercial : tiraillements au sommet de l’Etat
- Article 20 - Vers un moratoire limitant l’extension de la grande distribution ?
- Article 21 - Revitalisation des centres-villes : l’espoir est permis… sous conditions !
- Article 22 - Aussi sinistre soit-elle, la dévitalisation des centres-villes n’est pas immuable
- Article 23 - Centres-villes : « Ce plan s’attaque aux bons problèmes, mais de manière cosmétique »
- Article 24 - Trois mesures gouvernementales pour lutter contre la vacance commerciale
- Article 25 - « L’Etat et les régions ont un rôle à jouer pour accompagner les villes en décroissance »
- Article 26 - Revitaliser le centre-bourg : comment passer du constat à l’action !
- Article 27 - Le péage urbain, « la » solution pour améliorer la qualité de l’air des villes ?
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je viens de quitter Strasbourg où j’ai habité 30 ans. Je faisais tous mes déplacements professionnels ou familiaux en voiture. ça ne m’a jamais posé de problème, vu l’accessibilité du centre ville et le nombre impressionnant de parkings, auxquels se rajoute un bon maillage de la CTS. Strasbourg laisse cohabiter plusieurs modes de transports, sans bannir la voiture.
Et c’est pour celà que le centre ville se porte bien!
Nous avons tenté d’installer une société de vélotaxi à Strasbourg après avoir implanté des antennes dans 14 villes françaises. Mais les élus, sous pression de certaines corporations, ont tout fait pour empêcher l’installation : lenteurs administratives, création d’une charte contraignante. Ils ont même présenté la charte à la presse AVANT de la discuter avec notre organisation..
Antoine, peut-être que votre installation a été bloquée car il y a déjà plusieurs services de vélotaxis locaux indépendants, et que cela irait a leur détriment d’implanter une « chaîne » implantée dans 14 villes, avec une force de frappe trop importante pour être concurrencée avec des moyens d’indépendants ?