La lutte contre le terrorisme, l’affaire de tous

La montée en puissance des collectivités territoriales et des polices municipales dans la sécurité est une tendance séculaire. La lutte contre le terrorisme et la radicalisation renforcent cette évolution, en affirmant qu’elle est "l’affaire de tous", y compris des citoyens. Un projet social fort devrait cependant accompagner celle-ci, rappelle l'Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Ile-de-France.
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Les collectivités territoriales engagées contre la radicalisation islamiste
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Les collectivités sont associées à la mise en œuvre du plan Vigipirate. A l’occasion, par exemple, de leurs événements festifs, sportifs ou culturels. Et elles sont priées de mettre la main à la poche. Ainsi, ce sont elles qui ont dû assurer la sécurisation des « fan zones », durant l’Euro 2016, en suivant les exigences du ministère de l’Intérieur. D’où leur sentiment d’avoir, une fois de plus, à compenser un désengagement de l’Etat.
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Armement des polices municipales

© B. Holsnyder
8.282 policiers municipaux étaient équipés d’armes à feu en 2015 (+ 12,37% par rapport à 2012).La « Note rapide » souligne l’impact de ce contexte sur les polices municipales. Leurs effectifs progressent, mais ce n’est pas nouveau, puisqu’ils ont quadruplé en 30 ans. Ce qui est nouveau, c’est plutôt la généralisation de l’armement. A cet égard, l’assassinat d’une policière municipale à Montrouge, Clarissa Jean-Philippe, en janvier 2015, a marqué un tournant, amplifié par les risques d’attentat.
La tendance, confortée par la loi de juillet 2016 prorogeant l’Etat d’urgence, étant à la généralisation de l’armement, quels que soient la taille, les missions, l’environnement des polices municipales, « le point de vue de ceux qui s’y refusent est devenu presque inaudible aujourd’hui ».
Accroissement du mandat répressif
Au-delà de l’armement, de nouvelles prérogatives, sur lesquelles il n’existe aucun débat, vont dans le sens « d’une logique d’accroissement du mandat répressif », souligne Virgine Malochet, sociologue, auteure de la « Note ». Cette inflexion sécuritaire devrait poser un certain nombre de questions, la moindre n’étant pas comment préserver leur vocation de proximité.
>> Lire aussi : Après l’attentat de Nice : état d’urgence et implication des collectivités
La sécurité, « l’affaire de tous »
Selon l’expression consacrée, la sécurité est « l’affaire de tous ». Les transports publics sont donc fortement sollicités, avec de nouvelles possibilités ouvertes par la loi de mars 2016.
Les bailleurs sociaux s’affirment « acteurs de la tranquillité résidentielle et partenaires de la sécurité publique ».
Les équipes éducatives sont investies dans la lutte contre la radicalisation, et doivent aussi prendre des mesures de précaution contre le risque terroriste dans les établissements.
Quant aux agents de sécurité privés, ils deviennent omniprésents dans l’espace public ou non.
Enfin, la « participation citoyenne » est encouragée par le biais de réseaux de surveillance de quartier en liaison avec la gendarmerie ou le commissariat.
Volet social nécessaire
Selon Virginie Malochet, la menace terroriste renforce « un mouvement antérieurement amorcé de recomposition du dispositif de sécurité intérieure ».
Elle alerte cependant sur la nécessité de ne pas confondre les rôles et de ne pas « céder aux sirènes du tout-sécuritaire ». La lutte contre le terrorisme doit être accompagnée d’un projet social fort « pour agir sur les causes profondes qui conduisent au basculement dans la radicalisation violente ».
Références
- Sécurité : le rôle des acteurs locaux sur fond d'état d'urgence, "Note rapide - Prévention et Sécurité, n° 725, 21 septembre 2016
- Plan d'action contre la radicalisation et le terrorisme, dossier sur le site web du gouvernement
- La mutualisation des polices municipales bientôt élargie aux grandes agglomérations
- Les Polices municipales, 50 Questions, mars 2015 (accès réservé aux abonnés du Courrierdesmaires.fr)
Sommaire du dossier
23 articles Lire le 1er article- Article 01 - Faut-il transmettre aux élus locaux les infos du renseignement sur les fichés « S » radicalisés ?
- Article 02 - Prévention de la radicalisation : les 6 mesures du plan gouvernemental intéressant les collectivités
- Article 03 - Prévention de la radicalisation : tout (ou presque !) reste à inventer
- Article 04 - « La dimension sociétale et culturelle de la radicalisation » nécessite l’engagement des élus
- Article 05 - Déradicalisation : tout savoir de la convention signée entre le gouvernement et France urbaine
- Article 06 - Alerter et réinsérer avant de penser sécurité
- Article 07 - « Allons au-delà de la sécurité et protégeons notre jeunesse de la propagande islamiste »
- Article 08 - La lutte contre le terrorisme, l’affaire de tous
- Article 09 - L’Etat veut s’appuyer sur les collectivités dans la lutte contre la radicalisation
- Article 10 - Après l’attentat de Nice : état d’urgence et implication des collectivités
- Article 11 - Patrick Lagadec, spécialiste des crises majeures : « Le maire doit se préparer à l’imprévisible »
- Article 12 - Après les attentats, Ville & Banlieue rend sa copie sur la prévention des dérives fondamentalistes
- Article 13 - Cellules de suivi : un accompagnement local opérationnel, mais qui doit encore mieux associer les collectivités
- Article 14 - Vigipirate : le guide de bonnes pratiques distribué aux élus et agents des collectivités locales
- Article 15 - Prévention de la radicalisation : les maires et l’Etat signent une convention de partenariat
- Article 16 - Attentats : François Hollande en appelle aux maires pour contribuer plus encore à l’ordre public
- Article 17 - « Les collectivités européennes doivent s’emparer de la question de la lutte contre la radicalisation »
- Article 18 - Prévention de la radicalisation : des outils pour les maires
- Article 19 - Radicalisation : un plan national pour repérer et prendre en charge les individus
- Article 20 - François Baroin assure Bernard Cazeneuve de l’implication des maires pour « garantir la pleine sécurité des habitants »
- Article 21 - Radicalisation islamiste et filiales djihadistes : prévenir, détecter et traiter
- Article 22 - Sécurité intérieure et lutte antiterroriste : un dispositif rénové pour les communes
- Article 23 - Déscolarisation : les maires en première ligne, mais du chemin reste à parcourir…
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