« 60 départements à droite, ce serait un bon score pour l’UMP »

Président UMP du conseil général du Loiret depuis 1994, Eric Doligé ne se représente pas au scrutin de fin mars. Ce qui n’empêche pas le « Monsieur élections départementales de l’UMP » d’avoir une analyse approfondie des rapports de force politiques à la veille des élections, une ambition certaine pour l’avenir des collectivités départementales… et un regard très critique sur l’actuelle présidence de l’Assemblée des départements de France.
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Elections départementales : une équation à plusieurs inconnues
voir le sommaireCourrierdesmaires.fr. Quels sont les objectifs de l’UMP pour ces élections départementales ?
Eric Doligé. Le rapport de force de 60 départements pour la gauche, 41 pour la droite devrait s’inverser. Ce serait déjà un bon score pour nous et il y a même une petite probabilité pour que nous fassions mieux. Jusqu’à maintenant, la droite perdait environ dix départements par an depuis un peu plus de dix ans, quand nous détenions environ 70 départements.
Prévoyez-vous que le FN soit présent dans la majorité des seconds tours du 29 mars ?
E. D. Le seuil de 12,5% des inscrits pour se maintenir, avec l’abstention qui s’annonce, va être quasiment inatteignable pour le 3e binôme. Ce seront principalement des duels au second tour, avec très peu de triangulaires.
Les duels entre UMP-UDI et FN seront vraisemblablement plus nombreux que les duels droite-gauche. Mais il y aura tout même davantage de duels droite-gauche qu’on ne le pense au second tour. Car si le FN est fort au niveau national, il ne l’est pas autant dans beaucoup de secteurs.
Nos candidates sont souvent à la tête de communes significatives, du moins à notre échelle départementale, à savoir maire du chef-lieu de canton.”© F. Calcavechia
Ces élections imposent pour la première fois une parité totale des candidatures, avec des binômes homme-femme. Quel est le profil des candidates UMP-UDI ?
E. D. Ce sont souvent des élues municipales, des maires en général. De jeunes élues, pas forcément en âge mais en ancienneté, qui viennent de gagner les communes, voire des présidentes de communautés de communes qui viennent d’y accéder. Et elles sont souvent à la tête de communes significatives, du moins à notre échelle départementale, à savoir maire du chef-lieu de canton.
Nous avons ainsi des candidates représentatives des territoires. A l’inverse, si l’on regarde par exemple notre département du Loiret, aucune des 21 femmes candidates dans les binômes PS n’y est maire ou à la tête d’une intercommunalité.
A l’occasion de ces élections, l’Assemblée des départements de France devrait basculer à droite : qui sera le mieux à même de la diriger ?
E. D. Si possible, il faudrait que ce soit un des présidents de conseil général sortants – sur nos 40 présidents sortants, 15 ne se représentent pas – et un parlementaire. Ce n’était pas le cas de Claudy Lebreton et c’est peu dire que ça l’a toujours gêné : malgré plusieurs tentatives, il n’a jamais réussi à se faire élire sénateur et ne faisait ainsi pas le poids face au gouvernement.
Un critère optionnel, mais pas impératif, serait qu’il soit ancien ministre. Ce sera pour l’heureux élu un challenge intéressant de prendre une telle association avec une telle majorité. Qui ne devra pas être une annexe de la rue de Vaugirard(1), en soutien systématique du pouvoir en place si l’UMP revient au pouvoir, mais bien une force de propositions. C’est ce que je reproche au président actuel de l’ADF qui s’est trop laissé endormir sur la suppression des départements.
Les départements n’ont pas travaillé ensemble pour peser auprès des différents gouvernements.”© F. Calcavechia
Que faut-il y améliorer selon vous ?
E. D. On a loupé depuis toujours la communication des départements. Il y a plusieurs années, nous avions proposé que les départements retirent une partie de leurs moyens de communication locaux pour les mobiliser dans une communication globale au niveau national et montrer ainsi tout leur rôle. Un impératif, plus encore en 2017 quand nous n’aurons plus de parlementaires avec le non-cumul en 2017. Mais les départements n’ont pas travaillé ensemble pour peser auprès des différents gouvernements.
Quel sera le rôle du département une fois la réforme territoriale complètement et définitivement adoptée ?
E. D. Ce qui est certain, c’est qu’une fois que la loi Notre, qui n’est qu’une loi d’affichage, sera définitivement votée, nous serons revenu quasiment à la situation d’avant le texte ! Le président des régions de France est d’ailleurs terriblement désabusé…
En 2017, si la droite revient au pouvoir, on reparlera certainement du conseiller territorial ou d’un dispositif semblable, que même la gauche ne considère plus comme une hérésie… Un conseiller territorial, siégeant à la fois à la région et au département, est la bonne solution pour diviser par deux le nombre d’instructions de dossiers et réduire le nombre d’élus.
Une France à 50 départements est techniquement très faisable…”© F. Calcavechia
Avec les 13 grandes régions, soutenez-vous toujours l’idée de diviser le nombre de départements par deux ?
E. D. Certaines des nouvelles grandes régions vont compter jusqu’à 13 départements : il faut à tout prix réduire le nombre d’interlocuteurs car c’est impossible de travailler dans une réunion avec 80 personnes. Et plusieurs conseils généraux actuels sont trop petits et vivent sous perfusion.
Le département du Rhône doit disparaitre, à marier avec un autre ; l’Eure-et-Loir fusionnerait avec le Loiret, le Haut-Rhin avec le Bas-Rhin. Une France à 50 départements est techniquement très faisable et cela ferait faire des économies considérables car les départements ont des structures très semblables. Au contraire des régions qui sont promises avec leurs fusions à deux ou trois ans de difficultés incommensurables…
Le 238, rue de Vaugirard, siège de l'UMP. - Retourner au texte
Sommaire du dossier
22 articles Lire le 1er article- Article 01 - Tout savoir sur les 101 présidents de conseils départementaux
- Article 02 - Dix femmes présidentes de conseil départemental : où est passée la parité ?
- Article 03 - Même couleur politique, mais nouveaux visages dans 23 départements
- Article 04 - Vague bleue, parité, binômes : une nouvelle ère pour les départements
- Article 05 - « L’ancrage local va continuer à peser au sein des assemblées départementales »
- Article 06 - Elections départementales : qui sont les présidents de conseils départementaux réélus ?
- Article 07 - Elections départementales : ces 27 nouveaux présidents des territoires qui ont basculé à droite
- Article 08 - « Gérer le social d’une autre manière, aussi respectueuse qu’hier des habitants, mais moins coûteuse »
- Article 09 - Départementales : les partis préparent leurs candidats pour le troisième tour
- Article 10 - « Dire que les départements sont budgétivores ne fait que renforcer l’abstention »
- Article 11 - Elections départementales : les conseils du CNFPT pour un scrutin sans accroc
- Article 12 - « 60 départements à droite, ce serait un bon score pour l’UMP »
- Article 13 - Elections départementales : les présidents qui renoncent et ceux qui se représentent
- Article 14 - Radiographie des candidats à un mois du scrutin départemental
- Article 15 - Départementales 2015 : un scrutin à plusieurs inconnues
- Article 16 - Les nouvelles règles du scrutin départemental de mars 2015
- Article 17 - Scrutin départemental de mars 2015 : avec qui… et pour quoi ?
- Article 18 - Elections départementales de mars 2015 : le kit des candidats
- Article 19 - L’UMP adopte une charte pour le scrutin départemental et crée un « Comité des maires »
- Article 20 - Elections territoriales 2015 : un guide de la candidate
- Article 21 - Les élections départementales en mars 2015, les régionales « fin 2015 », annonce Manuel Valls
- Article 22 - Elections départementales : le binôme paritaire entériné pour 2015
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