Rythmes scolaires : rentrée « compliquée » mais partenariale

La mise en place de la réforme des rythmes scolaires a certes été source de difficultés pour les collectivités, mais aussi de satisfaction. Un certain clivage entre les villes de droite et de gauche apparaît, selon les résultats d'une enquête de l'Andev.
Cet article fait partie du dossier:
Collectivités territoriales : l'aménagement des rythmes scolaires
voir le sommaireA l’occasion de son congrès, du 3 au 5 décembre, à Reims, l’Association nationale des directeurs de l’éducation des villes (Andev) a présenté une enquête sur la mise en place de la réforme des rythmes scolaires.
Une rentrée « intéressante »
Ce n’est pas le découragement qui prime, parmi les adhérents de l’Andev. Au contraire. S’ils sont 73% à penser que cette rentrée scolaire a été « compliquée », il sont aussi 78% à l’avoir considéré « intéressante ».
Malgré tout, ils sont 58% à penser que la réforme des rythmes scolaires « s’applique mal ». Si les adhérents de l’Andev ont mis en œuvre la réforme c’est avant tout pour respecter la loi (57%), ils sont nombreux à saisir l’occasion pour créer les conditions de la réussite pour les enfants (41%).
L’intérêt des enfants est certes mis en avant, mais il n’échappe pas aux aléas de la politique. Ainsi, les villes de gauche sont-elles, de façon peu surprenante, plus allantes que celles de droites. Et 41% des directeurs concernés déclarent que le changement de majorité, suite aux élections municipales, a eu un impact sur la mise en œuvre du projet de réforme, négatif pour les 2/3 d’entre eux. Ce qui correspond probablement à la tendance nationale d’un basculement de la gauche vers la droite.
Vertu du projet éducatif de territoire
C’est l’image d’un important travail partenarial qui ressort de l’enquête, puisque de nombreux intervenants sont cités parmi les acteurs de la nouvelle organisation : les animateurs, les structures éducatives préexistantes, les élus, les directeurs d’école, parfois même les enfants. Enseignants et associations semblent en retrait. Le partenariat mis en place en amont se poursuit aujourd’hui pour 90% des répondants.
Un projet éducatif de territoire (PEDT) a été élaboré par 68% des adhérents de l’Andev, avant tout des collectivités de gauche et ayant anticipé l’application de la réforme. La formalisation d’un PEDT a une vertu : pour 70% des répondants, il favorise le dialogue entre les acteurs de la réforme sur des enjeux importants et permet de mettre en place une politique éducative municipale.
Le mercredi privilégié
61% des municipalités ont raccourci la journée de 45 minutes (73% des municipalités de droite). 34% des municipalités (42% des municipalités de gauche) ont allongé la durée de la pause méridienne, la solution pourtant préconisée par les chronobiologistes.
Dans 94% des cas, la 9e demi-journée a été mise en place le mercredi, contre 4% le samedi. Là aussi, contre l’avis des chronobiologistes. Les collectivités ont dû prendre en charge des navettes pour assurer le lien école-restauration scolaire et centre de loisir (70%) et 66% d’entre elles ont instauré un temps de garderie après la classe. Conséquence de la réforme : 40% des collectivités ont constaté une hausse de fréquentation des centres de loisirs du mercredi.
Les nouvelles activités pédagogiques (NAP) sont gratuites dans 71% des cas. Là encore, un clivage droite-gauche apparaît, la gratuité étant plus fréquente dans les collectivités de gauche (83%) que dans celles de droite (60%).
63% des communes utilisent les salles de classe pour les activités liées à la réforme, après des négociations difficiles dans 74% des communes. Et si 96% des communes disposaient déjà de locaux dédiées à ces activités, 42% d’entre elles ont dû renoncer à certaines d’entre elles par manque de locaux nécessaires.
Des services réorganisés
86% des services enfance/éducation/jeunesse ont été réorganisé aussi bien sur le terrain que dans les administrations. Premiers changements : la réorganisation des horaires et la redéfinition des fiches de poste des missions des agents.
Dans 78% des collectivités interrogées, des postes ont été créés et la précarité de certains postes existants a été réduite pour 7 adhérents sur 10, essentiellement des emplois de catégorie C dans les 2 cas.
Coût moyen: 175 euros
Les communes estiment en moyenne à 175 euros le coût supplémentaire par enfant et par an. Pour 25% d’entre elles, le coût est supérieur à 200 euros.
64% des collectivités ont déclaré ces nouveaux temps comme accueils collectifs de mineurs (ACM). 93% ont sollicité le fonds d’amorçage et 61% l’aide spécifique rythmes éducatifs de la CAF.
Références
- « Rythmes éducatifs : radiographie d'une réforme ». Novembre 2014. Enquête CSA pour Sodexo et l'Andev : 705 personnes interrogées, 210 questionnaires complétés.
Journée d'étude
Rythmes scolaires : des solutions pour évaluer et faire évoluer votre dispositif
15 octobre 2015 à Paris (9e)
Sommaire du dossier
30 articles Lire le 1er article- Article 01 - « Plan mercredi » : des maires satisfaits sur le principe mais vigilants sur le financement
- Article 02 - Rythmes scolaires : une commune sur trois revient à la semaine de quatre jours dès septembre
- Article 03 - Rythmes scolaires : le décret permettant le retour à la semaine de quatre jours est paru
- Article 04 - Rythmes scolaires : les associations d’élus s’alarment de nouveaux bouleversements à venir
- Article 05 - Rythmes scolaires : le Sénat égratigne la réforme Peillon… mais recommande son maintien !
- Article 06 - Réforme des rythmes scolaires : l’heure de l’évaluation pour trois associations d’élus
- Article 07 - Le fonds de soutien aux activités périscolaires devrait être pérennisé jusqu’en 2018
- Article 08 - Rythmes scolaires : les aides maintenues au niveau actuel pour 2015
- Article 09 - Le financement de la réforme des rythmes scolaires de nouveau en péril
- Article 10 - Rythmes scolaires : rentrée « compliquée » mais partenariale
- Article 11 - « Le projet éducatif territorial est un instrument souple et adaptable à la diversité des situations »
- Article 12 - Rythmes scolaires : assouplissements et rallonge budgétaire ne contentent pas encore les maires
- Article 13 - Rythmes scolaires : l’inquiétude sur le financement de la réforme est loin d’être apaisée
- Article 14 - La Cnaf accepte de baisser les taux d’encadrement de l’accueil de loisirs périscolaire
- Article 15 - Faut-il alléger les taux d’encadrement de l’ensemble des activités périscolaires ?
- Article 16 - Elus locaux : comment mettre en place en 2014 la réforme des rythmes scolaires
- Article 17 - 4 000 communes expérimentent les nouveaux rythmes scolaires
- Article 18 - L’impact de la semaine de 4,5 jours sur le transport scolaire
- Article 19 - Rythmes scolaires : l’interco appliquera aussi la réforme
- Article 20 - Prolongation du fonds d’amorçage pour 2014
- Article 21 - Un guide pratique « pour des activités périscolaires de qualité »
- Article 22 - Rythmes scolaires : le financement de la réforme prévu par trois textes
- Article 23 - Rythmes scolaires : la Cnaf refuse de payer deux fois
- Article 24 - 20 à 25% des élèves seront concernés par la réforme des rythmes scolaires à la rentrée 2013
- Article 25 - Rythmes scolaires : les textes divergent sur le début de la mise en œuvre du fonds d’amorçage
- Article 26 - Vanik Berberian, président de l’AMRF : « Ne pas sacrifier l’intérêt de la réforme des rythmes scolaires à des impératifs de calendrier »
- Article 27 - Entretien avec René Clarisse, chercheur et chronopsychologue : temps scolaire et rythmes des enfants
- Article 28 - Temps scolaire à l’école primaire : le décret publié le 26 janvier 2013
- Article 29 - Rythmes scolaires : un sondage auprès des élus en charge du sport révèle des points oubliés des débats
- Article 30 - Entretien avec Pierre-Yves Jardel, de la commission Education-culture de l’AMF, sur la réforme des rythmes scolaires
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