6 conseils pour favoriser l’utilisation des véhicules électriques

Les collectivités territoriales sont bien placées pour donner un coup de pouce à l’utilisation de véhicules électriques, certes encore un peu chers, tant par les administrés que pour leurs propres besoins. Pour s'équiper, elles utilisent souvent la formule du regroupement de commandes.
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Maîtrise de l’énergie et énergie renouvelable : le défi de la transition énergétique
voir le sommairePlusieurs raisons expliquent l’arrivée des véhicules électriques (VE) sur le devant de la scène. Alors que l’offre des constructeurs s’était tarie dans les années 2000, elle se multiplie avec des prix en baisse et des durées de vie de batteries qui s’allongent. Côté environnement, la réduction des gaz à effet de serre est aussi à mettre en avant. Les VE évitent en outre le rejet de nombreux polluants (hydrocarbures, dioxyde d’azote, monoxyde de carbone et particules fines), améliorant ainsi la qualité de l’air.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), presque 7 millions de personnes sont décédées prématurément en 2012 (une sur huit au niveau mondial) du fait de l’exposition à la pollution de l’air. L’électromobilité diminue la dépendance vis-à-vis d’un pétrole cher, même si celle à l’égard du nucléaire reste en suspens. Enfin, le confort d’utilisation est réel ainsi que la diminution des nuisances sonores, ce qui paradoxalement peut poser des problèmes de sécurité pour les piétons.
Au final, Avere-France, association professionnelle pour le développement de la mobilité électrique, insiste sur « des économies pour la Sécurité sociale mais aussi en ravalements de façades ». Le rôle des collectivités dans ce contexte est déterminant.
1. Développer les flottes propres
62% des 86 collectivités candidates aux Trophées des villes électromobiles (TVE), en 2011, avaient des projets d’acquisition de véhicules électriques dans les 12 prochains mois. Avere estime qu’environ 10 % des collectivités en possèdent. Parmi les plus avancées, La Rochelle (Charente-Maritime), les VE représentant 42 % de sa flotte municipale. Une flotte propre, ce sont aussi les véhicules de nettoyage : 100 % électrique au Vésinet (Yvelines) ; les bus électriques : 10 % de la flotte à Beauvais (Oise) avec achat de deux bus électriques par an jusqu’en 2016. (Voir ci-dessous les lauréats des trophées 2013).
L’importance des groupements de commandes
- A Angoulême, la ville et quelques communes de l’agglomération (Charente) ont monté en 2010 un groupement pour l’achat d’une dizaine de VE en remplacement de véhicules thermiques.
- Dans le cadre du plan national véhicules électriques, l’Union des groupements d’achats publics (UGAP) a participé à un appel d’offres national de 23 000 véhicules destiné à lancer la filière, avec 17 autres grandes entreprises publiques ou privées et quatre collectivités (communautés urbaines de Strasbourg, Nantes et Lyon et conseil général de Seine-Saint-Denis), pour 2011-2015 ; 1 500 véhicules utilitaires seront ainsi achetés par l’UGAP pour l’Etat et les collectivités locales, « avec un coût global de détention sur quatre ans et pour 60 000 km équivalent à celui d’un véhicule thermique comparable ». Sans compter la sécurité juridique apportée par l’Union. A noter que l’UGAP propose une offre électromobile complémentaire : scooters, balayeuses et vélos électriques.
A noter – Faut-il acheter ou louer ses véhicules électriques ? A Avere France, on note que « la moitié des flottes professionnelles sont externalisées : c’est particulièrement pertinent pour l’électrique », ce qui permet de bénéficier des évolutions technologiques notamment sur les batteries.
2. Promouvoir des dispositifs favorisant l’électromobilité
Trente-sept pour cent des collectivités candidates aux TVE se sont dotées d’un dispositif de VE en libre-service, s’efforçant ainsi de développer l’autopartage, une autre façon de favoriser les véhicules électriques. Les collectivités gestionnaires peuvent en effet imposer l’électrique via des délégations de service public : Yellomobile à La Rochelle avec Elcidis (50 véhicules), Auto Bleue à Nice avec Venap (Veolia et EDF, 87 véhicules) ou Autolib’ à Paris.
Dans la capitale et 45 communes d’Ile-de-France, 1 780 Blue Car électriques (3 000, début 2013) sont en circulation, bénéficiant de 580 stations (1 100 à terme). Après La Rochelle, c’est le premier service d’autopartage en France à fonctionner en « trace directe », c’est-à-dire sans retour obligé du véhicule au point de départ. Le nombre d’utilisations jour était en juin de 2 800 (3 000 par jour durant le week-end), au total 240 000 locations depuis le début.
L’autopartage est aussi interne aux collectivités territoriales, avec la mise en place de pools comme à la communauté d’agglomération Rouen, Elbeuf, Austreberthe (CREA, Seine-Maritime), à Chassieu (Rhône), Le Vésinet ou Besançon (Doubs). L’instauration d’un pool d’utilisateurs peut ainsi permettre, en diminuant la flotte, d’investir dans des VE, sans coût supplémentaire.
A noter – Venelles ou La Rochelle ont mis en place des plateformes de marchandises utilisant un véhicule électrique. A La Rochelle, un camion électrique de 5,5 tonnes assure les livraisons en centre-ville depuis une plateforme : « Le système est utilisé, car il évite la perte de temps en centre-ville », apprécie Maxime Bono, président de l’agglomération.
3. Inciter particuliers et entreprises à les utiliser
En plus de l’aide de l’Etat de 5 000 euros (jusqu’en 2012 mais incertaine après) pour une voiture électrique (particulière ou utilitaire) émettant moins de 50 g de CO2, certaines collectivités octroient une aide supplémentaire : 1 000 euros par exemple pour l’acquisition des 100 premières voitures électriques à Venelles (8 100 hab., Bouches-du-Rhône).
Avere se mobilise pour que « les voitures électriques puissent bénéficier de certificats d’économie d’énergie : un moteur thermique a un rendement de 10 à 20 % contre 50 à 60 % pour un moteur électrique ». Selon Maxime Bono, maire de La Rochelle(1), « il faut un accompagnement des pouvoirs publics pour gommer cet effet du coût et lancer les VE. L’effet de masse fera la différence ».
Les entreprises locales peuvent aussi être impliquées. Le Grand Angoulême en partenariat avec Schneider Electric (ingénierie des bornes, Angoulême), Mia Electric (VE, Cerizay, Deux-Sèvres) et Renault, aide à convaincre les entreprises des besoins d’une flotte propre. Certaines communes comme Chassieu dédient aux VE des espaces de circulation réservés aux transports doux et donc interdits aux voitures (9,5 km de voies).
La recharge, point essentiel
La recharge, à domicile, sur le lieu de travail, dans les parkings ou sur la voie publique, est un point essentiel. A Strasbourg, 96 % des recharges se font dans le domaine privé et seulement 4 % sur la voie publique ou en parking ; 155 points de recharge ont été installés. Mais l’installation de bornes communes a nécessairement un effet d’entraînement : 43 % des collectivités candidates aux TVE se sont dotées d’infrastructures de charge. Parmi elles, la moitié propose au moins une borne sur la voie publique.
Pour l’instant, dans une logique d’impulsion, le service et le courant ne sont le plus souvent pas facturés. Mais il manque un standard européen pour les fiches : « Ce ne sont pas les mêmes entre VE et véhicules hybrides rechargeables ou entre la France et l’Allemagne », regrette ainsi Benoît Weinling, chef du service parc véhicules et ateliers à la communauté urbaine de Strasbourg. Le Comité européen de normalisation électrotechnique a été mandaté par la commission européenne pour imposer un standard européen.
A noter – L’installation de prises pour rechargement n’est obligatoire que depuis cette année dans les nouveaux immeubles (habitations et bureaux) et à partir de 2015 dans les immeubles de bureaux, neufs ou anciens. Venelles (nouveaux garages d’immeubles) ou la CREA (écoquartiers et grands équipements) avaient devancé la loi. Angoulême sensibilise aussi les bailleurs de logements existants.
4. Pratiquer une politique tarifaire dédiée
Vingt-quatre pour cent des collectivités candidates aux TVE ont mis en place un dispositif de stationnement gratuit ou à tarif préférentiel pour les VE et 19 % sont en train de l’établir. Aux Mureaux (32 942 hab., Yvelines), ce sont ainsi 10 places dont 9 sur la voie publique qui sont gratuites pour les véhicules électriques.
5. Communiquer et sensibiliser le public
Soixante-deux pour cent des collectivités candidates aux TVE ont organisé des événements autour de la mobilité électrique, notamment lors de la Semaine européenne annuelle de la mobilité: présentation ou essai de VE, publications, rallye de VE, campagne de communication, etc. Le Grand Angoulême vise à démocratiser les usages en mettant des VE à disposition via les commerçants durant la période de Noël, ou pour des personnes non mobiles en parcours de retour à l’emploi.
A noter – L’argument gaz à effet de serre : 95 % de l’électricité étant produite sans énergie fossile en France, les VE émettent en moyenne 20 g/km de CO2 du puits à la roue (rien à l’utilisation) contre plus de 160 g/km pour les véhicules thermiques (à l’utilisation et calcul du puits à la roue non inclus), selon Avere-France.
6. Travailler en réseau
Les collectivités s’inspireront de leurs homologues distinguées lors des TVE, intégreront le Cercle clé des collectivités électromobiles lancé par Avere ou profiteront de l’expérience de treize collectivités territoriales précurseurs (2) ; celles-ci, suite à appel à manifestation d’intérêts, bénéficient pendant la phase pilote 2011-2015 d’une aide (jusqu’à 50 %) pour les investissements en matière de déploiement d’infrastructures de recharge pour VE.
L’engagement de ces villes pilotes fait suite au plan national, adopté le 1er octobre 2009, qui comporte 14 actions visant à développer la recherche, l’émergence de l’offre industrielle, la demande et une infrastructure de recharge. Son objectif ? Deux millions de voitures électriques et hybrides rechargeables d’ici 2020.
Trophées 2013 Avere France
Parmi les villes lauréates des Trophées 2013, Grand Lyon (prix spécial du jury), Toulouse Métropole, Aix-en-Provence et Lannion Trégor Agglomération notamment.
Lannion-Trégor Agglomération – Actions en faveur de l’électricité
A la tête de la mairie de La Rochelle depuis 1999, l'héritier de Michel Crépeau, Maxime Bono, s'est retiré avant les municipales de mars 2014. Son successeur est le dissident PS Jean-Francois Fountaine. - Retourner au texte
Bordeaux, Grenoble, Rennes, Nice, Angoulême, Aix-en-Provence, Orléans, Paris, Rouen, Strasbourg, Le Havre, La Rochelle et le Grand Nancy - Retourner au texte
Chiffres Clés
- 30 % c'est le surcoût tout compris (achat, carburant, entretien) d’un véhicule électrique par rapport à un véhicule thermique (source : magazine Voiture écologique). L’entretien est 30 % moins cher, et l’énergie 6 fois moins (source : GNFA).
- 34 km, c'est la moyenne des trajets journaliers en France est d’environ, l’autonomie des VE est d'environ 150 km (source : Avere, 2011).
Références
- Proposition de loi facilitant le déploiement d’un réseau d’infrastructures de recharge de véhicules électriques sur l’espace public (n° 1820) et rapport de la députée Frédérique Nassat, sur ce texte, 15 avril 2014
- Plan national d’action pour développer les véhicules propres, adopté le 1er octobre 2009 et mis à jour en 2012, par le ministère de l’Ecologie
- Le renforcement de l’infrastructure de recharge accessible au public, 15 octobre 2012 (mis à jour le 18 février 2014, ministère de l'écologie
- Livre vert sur les infrastructures de recharge ouvertes au public pour les véhicules décarbonés, par le sénateur Louis Nègre, avril 2011
- Blog de l'actualité de la voiture électrique
- Le site web de l'Avere-France, lire notamment : >> Les enjeux de la mobilité électrique >> Que retenir de la proposition de loi socialiste facilitant le déploiement d’un réseau de bornes de recharge ? Extrait : "L’autre nouvelle d’importance majeure concerne l’AMI de l’ADEME. Frédérique Massat annonce que « les communes de moins de 200 000 habitants ou certains petits départements qui n’étaient pas éligibles » pourront désormais déposer un dossier. Les délais de réponse seront par ailleurs étendus, probablement jusqu’à la fin 2015. En revanche, l’élargissement au financement des bornes dans le cadre des concessions soulevé par Fleur Pellerin n’a pas été évoqué." >> Municipales, l'engagement en faveur du véhicule électrique confirmé
- Les Trophées des villes électromobiles et le Cercle clé des collectivités électromobiles
Sommaire du dossier
17 articles Lire le 1er article- Article 01 - Les associations d’élus mobilisées pour « sauver » la dotation additionnelle climat au bloc local
- Article 02 - Transition énergétique des territoires : trois documents pour aller plus loin
- Article 03 - Wattway, la route qui sait produire de l’électricité
- Article 04 - « Zéro carbone d’ici 2050, cela n’est pas utopique ! »
- Article 05 - Les données sur la production et la consommation territoriales d’énergie s’ouvrent aux collectivités
- Article 06 - Transition énergétique : le secteur public, investisseur de poids
- Article 07 - Transition énergétique : le projet de loi adopté par les députés
- Article 08 - Voitures électriques : les industriels contre une prime à la conversion limitée aux villes
- Article 09 - Loi sur la transition énergétique : « Peut beaucoup mieux faire », estime l’association Amorce
- Article 10 - Le Parlement facilite l’implantation des bornes électriques
- Article 11 - 6 conseils pour favoriser l’utilisation des véhicules électriques
- Article 12 - Transition énergétique : les collectivités territoriales appelées à l’exemplarité
- Article 13 - Energie : facture en hausse, consommation en baisse
- Article 14 - Un club pour recenser les initiatives locales de rénovation énergétique
- Article 15 - Energie-climat : les collectivités territoriales veulent participer à la politique européenne
- Article 16 - Picardie : le premier service public de l’efficacité énergétique bientôt opérationnel
- Article 17 - Le centre aquatique d’Arras se chauffe aux eaux usées
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