Les épiceries sociales et solidaires veulent sortir du Fonds européen d’aide alimentaire

Le passage, au 1er janvier 2014, du Programme européen d’aide alimentaire (PEAD) au Fonds européen d’aide alimentaire (FEAD) introduit l’obligation de la gratuité du don. Les épiceries sociales et solidaires se mobilisent pour défendre le principe de la participation du bénéficiaire.
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Le maire et la lutte contre la précarité : l'action des territoires
voir le sommaireSi le maintien de l’aide alimentaire européenne et de son budget, qui va prendre, au 1er janvier 2014, la forme du Fonds européen d’aide alimentaire (FEAD), a été accueilli comme une bonne nouvelle, les responsables des épiceries sociales, structures municipales, et solidaires, structures associatives, se montrent beaucoup plus circonspects.
« Le renouvellement de l’aide européenne, qui n’était pas acquis, est, bien entendu, une bonne chose. Mais le passage du Programme européen d’aide alimentaire (PEAD) au Fonds européen d’aide alimentaire (FEAD) impose la gratuité du don. Or, nous avons fondé notre modèle sur la participation financière, même modique (10 à 30 % du prix usuel), du bénéficiaire. En donnant sans contrepartie, on place le public dans une situation de recevabilité. Nous voulons continuer de lutter contre l’exclusion sans favoriser l’assistanat et en respectant la liberté des personnes », explique Guillaume Bapst, directeur de l’Association nationale de développement des épiceries sociales et solidaires (ANDES), qui regroupe environ 300 structures.
Négociations avec Marie-Arlette Carlotti
L’ANDES a pris la décision de « sortir du FEAD », annonce Guillaume Bapst, et a engagé une discussion en ce sens avec Marie-Arlette Carlotti, ministre en charge de la Lutte contre l’exclusion. « La solution serait que le gouvernement dégage en notre faveur une ligne budgétaire particulière sur la subvention européenne. Nous serions ainsi libres de notre organisation. Je crois que les raisons de notre demande ont été comprises et que nous avons des chances d’aboutir rapidement », précise-t-il. Cette autonomie permettrait également aux structures d’avoir la maîtrise de la nature de l’aide alimentaire distribuée. « En faisant nous-mêmes nos achats, nous pourrions proposer davantage de produits frais et ainsi répondre aux exigences nutritionnelles, voire soutenir le développement de filières de productions locales », s’enthousiasme le directeur de l’ANDES.
L’aide alimentaire européenne va représenter 3,5 milliards d’euros pour la période 2014-2020, dont 500 millions d’euros pour la France. Le montant du FEAD est égal à celui du PEAD, mais il est réparti en un plus grand nombre de pays bénéficiaires, ce qui va diminuer la dotation de chaque Etat. Le gouvernement français s’est engagé à compenser cette baisse par « un abondement exceptionnel ».
Références
Sommaire du dossier
22 articles Lire le 1er article- Article 01 - La loi « engagement et proximité » aurait-elle créé un délit de mendicité ?
- Article 02 - Plan pauvreté : toutes les mesures qui concernent les collectivités locales
- Article 03 - Habitat précaire : reconnaître l’état de fait
- Article 04 - Collectivités territoriales : des outils pour faire face au développement de la mendicité
- Article 05 - La pauvreté est la plus élevée dans les villes centres des grands pôles urbains
- Article 06 - Pour 80 % des maires, la pauvreté a augmenté
- Article 07 - L’intercommunalité et le non-cumul des mandats, facteurs de risques pour l’action sociale ?
- Article 08 - Face à une pauvreté qui s’installe, les acteurs sociaux affinent la prévention
- Article 09 - Accord pour le Fonds européen d’aide aux plus démunis
- Article 10 - Les épiceries sociales et solidaires veulent sortir du Fonds européen d’aide alimentaire
- Article 11 - Appel à projets pour 3 000 logements PLAI
- Article 12 - Les CCAS constatent une augmentation des demandes d’aides
- Article 13 - La dégradation du « vivre-ensemble » préoccupe les maires
- Article 14 - Hervé Guéry, directeur du Compas : « Passer de l’action sociale à une politique sociale »
- Article 15 - CCAS facultatifs : l’UNCCAS craint un recul des droits sociaux
- Article 16 - Précarité sociale : quelles solutions pour favoriser le logement des jeunes ?
- Article 17 - L’Union européenne veut contribuer à la lutte mondiale contre la pauvreté
- Article 18 - L’Etat compensera le financement des allocations de solidarité
- Article 19 - Lutter contre les impayés de cantine : une mesure d’inclusion sociale
- Article 20 - Territoires ruraux : détecter les personnes précarisées et leur proposer un accompagnement renforcé
- Article 21 - Guillaume Bapst, directeur de l’ANDES : « Les collectivités sont les premiers financeurs des épiceries sociales et solidaires »
- Article 22 - La lutte contre l’habitat indigne : un combat aux multiples facettes
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