Municipales : la diversité, absente du scrutin

Le thème de la diversité a été le grand absent de la campagne municipale. Or l’abstention des électeurs noirs et arabes explique en partie l’échec du PS, selon Louis-Georges Tin, président du Conseil représentatif des associations noires. Combien d’adjoints issus de la diversité les prochains conseils municipaux compteront-ils ?
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Elections municipales 2014 : résultats et analyses
voir le sommaireFemme, noire, musulmane et maire. Marieme Tamata-Varin, élue à Yébles (700 hab., Seine-et-Marne), d’origine mauritanienne, est une exception dans le paysage politique. « Un cas unique », regrette Louis-Georges Tin, président du Conseil représentatif des associations noires de France (Cran).
Alors que la représentation de la diversité avait été un thème des précédentes municipales, celui-ci a été très largement absent en 2014. Le signe d’une gêne de la gauche qui craint d’irriter une partie de l’opinion. Et qui lui a probablement coûté cher, selon Louis-Georges Tin.
Il rappelle que les meilleurs scores de François Hollande, lors de la présidentielle, lui ont été donnés par la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, la Réunion et la Seine-Saint-Denis. « Selon un sondage Ifop, 86 % des musulmans ont voté pour François Hollande au second tour. Lui apportant des voix en nombre plus important que l’écart qui le séparait de Nicolas Sarkozy au second tour », explique le président du Cran. Or, lors de ce scrutin municipal, les 9 villes les plus abstentionnistes se situent en Seine-Saint-Denis.
Un électorat pivot
« L’élection à Marseille a été calamiteuse pour le PS, souligne Louis-Georges Tin. Il voyait l’électorat noir et arabe comme captif. Mais il a traité Samia Ghali (1) avec beaucoup de mépris. Ce que les électeurs noirs et arabes ont vécu, à tort ou à raison, comme de la discrimination raciale. »
Les minorités étant peu représentées sur les partis en présence, la liste de Pape Diouf a raflé 8 % de voix. « On énerve les Arabes, on écarte les Noirs. Et on fait un très mauvais score » , résume Louis-Georges Tin.
Selon le président du Cran, le parti socialiste n’a pas pris conscience du rôle pivot joué par l’électorat arabe et noir. « Soit il vote en masse pour le PS, soit il s’abstient en masse ». Or, les engagements n’ayant pas été tenus – droit de vote des étrangers, attestation de contrôle d’identité pour limiter les contrôles au faciès –, c’est l’abstention qui a prévalu.
Un tabou français
« Attention, le vote ethnique n’est pas biologique ! précise Louis-Georges Tin. L’outre-mer a longtemps été chiraquienne. Ce sont les propos et la politique de Nicolas Sarkozy qui l’ont fait basculer à gauche. »
Il ne s’agirait pas davantage d’un vote conditionné par l’origine sociale, les ouvriers et précaires ne votant pas, ou plus, préférentiellement pour le PS. Mais bien d’un vote reposant sur des motifs culturels : campagne contre la burqa, débat sur l’identité nationale, propos sur l’homme africain, stigmatisation des étrangers.
Un tabou français empêche de voir cette réalité : il existe une identité politique forte des minorités ethniques, qui peut varier avec cohérence. De même qu’il existe un vote ouvrier ou paysan. Cela apparaît clairement à l’analyse. »
Louis-Georges Tin, président du Conseil représentatif des associations noires de France
Malgré l’absence de tête de liste issue de la diversité, cette diversité est présente dans les conseils municipaux. Selon une enquête du Cran, les équipes sortantes comptaient 9 % d’adjoints issus de la diversité. « Ce n’est pas ridicule, puisque pour être équitable, il en faudrait 13 % ou 14 % », reconnaît le président. Une enquête à venir sur les nouvelles équipes montrera si cette tendance se confirme avec la victoire de l’UMP.
Maire du huitième secteur de Marseille depuis mars 2008, vice-présidente du conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur de 2004 à 2010, conseillère municipale depuis 2001, Samia Ghali est sénatrice des Bouches-du-Rhône depuis 2008. Candidate à sa réélection dans le 8e secteur de Marseille, elle est la seule maire de secteur socialiste à Marseille, après le second tour des municipales en obtenant 45,54% des voix. - Retourner au texte
Sommaire du dossier
13 articles Lire le 1er article- Article 01 - 8 863 conseillers municipaux de plus en 2014… et toujours davantage de retraités
- Article 02 - Les maires dans la bourrasque
- Article 03 - 36,45 % d’abstention au 1er tour des municipales, chiffre définitif
- Article 04 - Associations d’élus : la défaite de Michel Delebarre, symbole d’une future redistribution des cartes
- Article 05 - « Jour du vote » : les visages de l’abstention
- Article 06 - Municipales : quasi « grand chelem » pour les présidents d’associations d’élus
- Article 07 - Municipales : quand des petites communes votent comme les grandes
- Article 08 - Le Front national s’ancre sur le terrain
- Article 09 - Municipales 2014 : à gauche toute ! Douai à contre-courant
- Article 10 - Municipales : la diversité, absente du scrutin
- Article 11 - Nonna Mayer, directrice de recherche au CNRS : « Le vote Front national est très hétérogène »
- Article 12 - Femmes têtes de liste pour les municipales : carton rouge aux formations politiques
- Article 13 - A Hénin-Beaumont, des fonctionnaires territoriaux sur le qui-vive
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Comment voulez vous que l’on parle de la diversité quand vous êtes Français (bien blanc)de parents Français, habitant la région depuis votre naissance et depuis 35 ans dans le même village et que l’on vous dit que vous n ‘êtes pas Fuvelains (joli village de Provence 13710)